Le Coprin chevelu, un blanc qui décoiffe les papilles

La finesse de la mise en bouche.

 Ce champignon blanc qui se dresse le plus souvent en troupes dans les prés, les bordures, les chemins, les chaumes, peut-être dans votre jardin, mérite bien mieux qu’un regard en biais, voire, ce que je condamne en toutes circonstances à l’encontre de toutes les espèces : un méchant coup de pied.

Il n’y a pas que le cèpe et la girolle, il y a aussi, entre autres, le coprin chevelu (1) (Coprinus comatus). Pas besoin de savoir couper les basidiophores en quatre pour le reconnaître. Quand on s’est pris la tête, autrefois, avec les cachets d’aspirine, on retrouve cette forme de tube tout blanc recouvert d’écailles un tantinet brunâtres qui s’effilochent en mèches blanches imbriquées.

A croquer jeune
Spores noires et tablier blanc

Les auteurs parlent de chapeau ovoïde ou oblong, puis d’allure de cloche quand il commence à noircir. Son aspect chevelu prédomine indiscutablement dans sa reconnaissance. L’avoir sur la langue ferait-il zozoter de plaisir ?

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Blanc, rose, noir, vers la déliquescence reproductrice

Fin et savoureux, il se consomme jeune, cru ou légèrement cuit. Très jeune car le drôle grandit vite en déliquescence. Du blanc immaculé, il passe au rose, puis au noir, et coule en encre de chine. Ses spores sont alors mûres et susceptibles de créer un nouveau mycélium. 


 Sournois, il présente bien, tout droit sur son pied élancé, presque tout blanc, mais, au bas du chapeau, des traces noiraudes présagent le début de la fin à l’intérieur.
Trop tard pour les mycophages. Il leur faudra se contenter de ne ramasser que les exemplaires clairs dessus et dedans, donc lames blanches, et les préparer très vite. On aura compris que ce coprin est un comestible très fin, savoureux quand il est jeune, mais qu’il ne voyage pas très longtemps.
                                                                                                                                                           
1_ reprise d’un article du même auteur paru dans le numéro 2 d’Aqui! en octobre 2004 et consultable  sur le site Internet Aqui.fr

Redoutable confusion avec

le Coprin noir d’encre

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On entend souvent dire « pas d’alcool avec le coprin ». En fait nous n’avons jamais connu d’effet désagréable en arrosant en bouche avec modération nos coprins chevelus (accommodés comme on le verra plus bas) avec vins ou apéritifs divers. Ce n’est pas le cas avec son « cousin » le Coprin noir d’encre (Coprinopsis atramentaria) . Ce dernier (photo ci-dessus) pousse le plus souvent en touffes sur des déchets végétaux, résidus de bois etc., est plus ovoïde puis conico-convexe. Accidentellement consommé avec de l’alcool il est responsable de l’effet antabuse . Comme on le lira en suivant le lien précédent c’est particulièrement désagréable d’autant que pendant 72 heures cet effet perdure en consommant de l’alcool sans Coprin noir d’encre associé. Donc à ne pas confondre!

COPAINS ET COPRINS

Pour de vrais amis…
Vous avez quelques coprins (les vrais chevelus) encore jeunes, aux lames blanches, ramassés le jour même et conservés non tassés au réfrigérateur.

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Brossez délicatement les têtes des chevelus.

Pas de poux mais un peu de sable à écarter.

  • Coupez en deux dans le sens de la hauteur.
  • Jetez les pieds et ne gardez que les demi-chapeaux.
  • Un peu de fleur de sel et de beurre à votre goût dans le creux des demi-chapeaux.
  • Passez 10 à 15 secondes à four chaud, plus selon quantité.
  • Au micro-ondes, c’est pas mal non plus.
  • Très surprenant à l’apéro 


Michel Pujol        

5 réflexions sur « Le Coprin chevelu, un blanc qui décoiffe les papilles »

  1. Bonsoir.
    Super trouvaile aujourd’hui. Un spot avec, au bas mot, une centaine de Coprins blancs, dont beaucoup de petits frais et fermés.
    Ayant lu plusieurs articles, descriptifs ici et là, sur le net et dans des bouquins, j’ai un souci. En retirant chaque individu qui présente du rosé ou du gris à la coupe, sans compter qu’il faut enlever le pied… eh bien… il ne reste pas grand chose à manger.
    Ma question : Si l’on découpe proprement le peu de base du chapeau qui grise/rosi légèrement, peut-on consommer la partie supérieure qui est complètement blanche?
    Sinon, par rapport au goût, je suis dubitatif… J’en ai ramené une quarantaine, et eliminé quasiment tout jusqu’à ne garder que ceux totalement blancs, c’est à dire 5 ou 6. Déjà, j’ai déchanté car je pensais en manger plus. Donc, en terme de goût, je reste sur ma faim, sans avoir pu lui donner sa chance. J’ai poêlé 5 min au beurre salé, tout simplement. Le goût semble bon, mais… faute de peu.
    Ai-je été trop strict à retirer même les légèrement gris/rosés? Je suis curieux d’avoir d’autres avis. Merci
    Bon appétit 🙂

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  2. Idem j’ai fait comme vous, en enlevant la partie « vieillie » il reste tout de même le haut du chapeau, le blanc est très bon poêlé ou passé au micro-ondes 15sec avec du beurre.

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