Sur la Mycoliste apparaissent, ces huit derniers jours, 7 cas d’intoxication avec Chlorophyllum brunneum . Sur les photos postées sur ce forum par les Centres anti poison à l’intention des mycologues pour identification on observe notamment des paniers, avant consommation, où sont mélangées Coulemelles (Macrolepiota procera et M. fuliginosa) et la Lépiote vénéneuse (Chlorophyllum brunneum). Une confusion d’autant plus fréquente qu’on observe, en ce moment, beaucoup de pousses de ces deux espèces ayant un air de famille.
La grande « famille » des lépiotes fourmille, dans les petites tailles en particulier, d’espèces très nocives comme par exemple Lepiota brunneolilacea, L.brunneoincarnata, L. subincarnata; L. severiana et L. lilacea. Ces dernières étant référencées mortelles ce qui n’est pas le cas, du moins jusqu’à présent, de Chlorophyllum brunneum laquelle espèce, consommée vers 18h, a provoqué diarrhées et vomissements incoercibles dès 20h (cas évoqué sur la Mycoliste le 24 octobre).
Concernant les intoxications récentes, sans doute proportionnelles aux nombreuses cueillettes de champignons sauvages actuelles, l’Anses a rappellé le 23 octobre, dans un communiqué, les indispensables conseils de base en soulignant que: « Depuis le 1er juillet 2020, les centres antipoison (CAP) ont enregistré 732 cas d’intoxication dont 5 cas de gravité forte pouvant menacer le pronostic vital. Ces deux dernières semaines, les CAP notent une forte accélération du nombre d’intoxications. »

Revenons aux « grandes » lépiotes. Tout récemment, le 25 octobre, apparaissait dans le jardin, au pied du mur, dans un endroit riche en terreau, un chapeau ressemblant à ceux observés une année précédente.

A l’examen, squames du chapeau, anneau, bulbe déporté, stipe plutôt blanc et safran au grattage à la base… nous orientait vers Chlorophyllum brunneum. Restait à faire une sporée pour recouper: « Spores :10-12 x 7-9 µm, ovoïdes, à pore germinatif large et tronqué » figurant dans la description de l’espèce par Eyssartier&Roux (Le guide des champignons France et Europe p.318 Editions Belin 2017).

Nous retrouvions peu ou prou (ci-dessus), concernant les spores, les caractères rencontrés lors d’une récolte effectuée l’année dernière (ci-dessous) de la même espèce dans un lieu différent.

Quid de la confusion de C. brunneum avec la Coulemelle? Vu de loin et idées reçues, la taille écarte les plus toxiques (voir plus haut) mais on scrutera les chinures du pied

bien apparentes ci-dessus, lors d’une récente balade en Sud Gironde, chinures caractéristiques de la Coulemelle. Les squames-mèches du chapeau sont circulaires chez Macrolepiota procera . L’anneau double est plus épais

que celui de la Lépiote des jardins Chlorophyllum brunneum qui, comme on l’a vu plus haut, se colore fortement à la coupe et au grattage du pied. Et, pour éviter les coups de bambou à l’estomac sachez bien reconnaître les Coulemelles! Le pied dans l’assiette mais sans le pied, indigeste.
Michel Pujol

Chloropuyllum brunneum/Macrolepiota venenata est potentiellement mortel
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