Gyromitres et S.L.A.

S.L.A. ? Sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Charcot. Récemment, un article publié par Recherche & Santé # 169 1er trimestre 2022 souligne, études scientifiques à l’appui, le lien entre la consommation de Gyromitres, en particulier Gyromitra gigas et l’apparition de cette maladie.

Si des recherches sur Internet montrent que l’information n’est pas véritablement un scoop ( Chasseur français, France 3, Sud-Ouest, BFM, Ouest France, Journal des femmes, Pourquoi docteur et  ARSLA entre autres parutions) le sujet nous a paru intéressant à développer d’autant que s’approchent les pousses de Morilles à alvéoles et les confusions avec les « cérébrées » Gyromitres. 

D’ailleurs, dans les articles, parus à l’automne 2021, dont nous donnons les liens plus haut il est souvent question de « Fausses Morilles » pour parler de ces Gyromitres. On relèvera que les espèces incriminées en lien avec la S.L.A. sont Gyromitra gigas (en Savoie) et Gyromitra esculenta (en Finlande).

En 2009 une médecin généraliste alerte sur un cluster à Montchavin en Savoie près de La Plagne. Pour la troisième fois en peu de temps elle vient de diagnostiquer la maladie de Charcot. Une enquête épidémiologique est lancée qui révèle l’existence de 11 autres cas dans ce village et à Saint-Is entre 1991 et 2013. On ne note pas de lien de parenté donc pas de cause génétique de même qu’une étude (recherche de traces de toxines bactériennes ou de plomb dans l’eau, de gaz radon dans les habitations, de pollution de l’air ou de la terre par des pesticides ou des métaux lourds) écarte les causes environnementales. Il sera établi ensuite que tous, âgés de 39 à 75 ans, ont consommé Gyromitra gigas.

D’un cluster l’autre

La piste alimentaire avait été suggérée par un toxicologue américain Peter Spencer, de l’université de l’Oregon. Il avait eu vent de ces cas français de S.L.A. alors qu’il travaillait sur une plante locale de l’île de Guam, dans l’ouest du Pacifique, le cicas du Japon à l’origine aussi de la même maladie. Consommée traditionnellement la graine du cicas (appelé « petit rameau » aux Antilles) contient des toxines proches par leur mode d’action de celles contenues dans ce Gyromitre. En ce qui concerne le cicas  il s’agit d’une cyanobactérie (BMAA) alors que pour Gyromitra gigas, en Savoie, on a affaire à une neurotoxine : l’acétaldéhyde N-methyl-formylhydrazone. Un autre cluster avait été localisé en Finlande avec 227 cas de SLA identifiés entre 1919 et 1945. Là, il s’agissait de la consommation crue d’un autre type de morilles Gyromitra esculenta.La toxine incriminée est ici la gyromitrine (familles des nitrozamines) aux mécanisme toxiques similaires à ceux de l’hydrazine. Enfin, les scientifiques relèvent, aux U.S.A., dans le Middle-West, une prévalence plus élevée de S.L.A. La consommation Gyromitra gigas y serait traditionnellement importante.

Peut-on confondre Morille et Fausse morille ? Ci-dessus on remarquera l’allure toute en alvéoles de Morchella esculenta et l’aspect cérébriforme de Gyromitra gigas. Du point de vue de leur toxicité on relèvera que ni les morilles et encore moins les gyromitres ne peuvent être consommés crus.

On pourra lire avec attention sur le site de la Société Mycologique de France les caractéristiques du syndrome gyromitrien et y relever, qu’outre Gyromita gigas et Gyromitra esculenta, Gyromitra infula serait aussi responsable de ce syndrome. 

Il y est rappellé que concernant la méthylhydrazine: « Certains dérivés de cette molécule servent de carburant aux moteurs des fusées ! ». Il est à noter que certains (nous en connaissons mais n’en faisons pas partie …) avec moultes précautions ingèrent des gyromitres. La toxine serait en partie détruite par la cuisson et la dessiccation (procédé d’élimination de l’eau) du champignon. Ainsi le fait de faire bouillir intensément et de jeter l’eau de cuisson serait, entre autres, une des étapes à respecter.

Le principe de précaution commande tout simplement de ne pas consommer ces espèces interdites à la vente. On sait aussi qu’il y a encore des cas d’intoxications avec des morilles insuffisamment cuites ou bien cuites mais mangées en trop grande quantité. Alors, les champignons c’est bon, voire délicieux en étant sûr de ce que l’on mange en les ayant parfaitement identifiés, en respectant les rêgles de préparation, dont la cuisson et … en petite quantité.

Michel Pujol 

Une réflexion sur « Gyromitres et S.L.A. »

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