Archives pour la catégorie microscopie

Jubilé: champignons=jubilation?

Ce 2 juin Sa Majesté Elizabeth 2 paraît, à la télévision, au balcon de Buckingham alors que commencent les cérémonies de son jubilé de platine. Jour exceptionnel. Et qu’en est-il de nos champignons dans le bois d’à côté? Et si, après des jours d’attente (on le verra plus loin) c’était … royal? Un petit tour d’après-midi.

Première escale à notre station de Girolles pruineuses pour y découvrir de maigres exemplaires mais elles sont là! Et si, la chaleur aidant, les Verdettes commençaient à paraître?

Mais que oui. En voilà une

puis deux autres que nous acompagnons de deux notes jaune pâle recueillies quelques instants avant à 300 mètres de là. Un cèpe ne serait-il pas bienvenu pour un peu … jubiler?

Et nous le trouvons en rebroussant chemin, à découvert, après les Russula virescens, à environ quarante mètres des précédentes Cantharellus pallens.

Ce Cèpe d’été n’est plus très frais mais bien debout même si les tubes de l’Eté déchantent quelque peu. Seul Boletus aestivalis de notre randonnée mais pas le seul Bolet.

En effet, toujours à proximité, dans ce bois où chênes et charmes rivalisent de verdeur, nous rencontrons deux Bolets des charmes à ajouter à notre tableau de ce jour royal.

Il faut dire que les jours précédents, plutôt secs, ne nous avaient pas, en ces lieux, gâté en diversité fongique.

Le 19 mai étaient apparues nos premières Girolles pruineuses, toujours sur la même station que plus haut et 

cette Russule solitaire et quelque peu vieillissante que nous avions du mal à identifier. En postant son image sur Facebook des pistes de recherche étaient apparues (merci à Richard Gonzalez, Guillaume Eyssartier et Pierre-Arthur Moreau) orientant vers la section Ingrateae et sous-section Pectinatineae.

Bord du chapeau strié, pied creux à la base, saveur douce, Fer rosâtre, Gaïac vert foncé étaient nos premières observations. A la suite du passage sur Facebook étaient ajoutées quelques remarques notamment une « marge cannelée et un pied irrégulier et boursouflé », « un voile au bord du chapeau et à la base du pied ». Il était demandé la couleur de la sporée et les caractéristiques des spores.

Voilà ce que nous observions. 

Un seul exemplaire limite bien sûr les hypothèses. Nous n’avions pas ressenti l’odeur de baudruche propre à R. praetervisa. En revanche le voile jaune décrit pour R. insignis nous interpellait ainsi que la description de R. recondita

Les jours suivants précédant « the first Jubilé day », en deux endroits différents du bois d’à côté nous avions rencontré ce lignicole au pied en fuseau si caractéristique de l’espèce et

post jubilé, il y a deux jours une Amanite très classique lors de nos promenades.

Certes, la pluie a repris aujourd’hui 8 mai laissant présager quelques récoltes futures mais nous garderons le souvenir d’un sentiment de jubilation bien que d’Outre Manche. God save the mushrooms!

Michel Pujol

Ne pas rester sec sur un desséché…

Samedi, pas grand chose dans le bois d’à côté sinon ces petits carpophores jaunes sur un sol dégagé ouillé d’aiguilles de pin. 

On a bien une petite idée quand on se penche pour les identifier. Chapeaux jaunes, mamelonnés, plus sombres au centre.

Stipes droits dépourvus d’anneau. Seulement deux exemplaires rassemblés, comme en faisceau.. Retournés, les lames verdâtres apparaissent et là point de doute. Il s’agit bien d’Hypholoma fasciculare, l’Hypholome en touffes. Voilà une espèce identifiable facilement de visu mais, un peu plus loin lors de notre balade, sur un tronc où nous avons souvent observé des Collybies à pied en fuseau, nous remarquons un « individu » très desséché, une espèce d’exsiccata pourtant encore bien en jambe mais dont le chapeau est singulièrement flétri.

Dégagé de son substrat et retourné, ses lames vaguement rosâtres rappellent un genre qu’il convient de vérifier.

L’identification emprunte un peu, toutes proportions gardées, à la médecine légale. Nous n’irons pas jusqu’à la recherche de l’ADN quoique aujourd’hui c’est d’actualité mais nous pensons que les cystides observées au microscope recouperont comme un pressentiment. Il y a quelques années, grâce à Germaine Dubrana nous avions fait connaissance avec un microscope et observé des cystides cornées lors de notre première leçon. Sont-ce-elles?

Effectivement, nous retrouvons l’épaisseur de la paroi des cystides et leur extrémité en forme de cornes. Bingo, c’est bien Pluteus cervinus, le Plutée couleur de cerf. Comme un coup de jeune! et le plaisir de ne pas rester sec sur l’identification d’un champignon très … desséché.

Michel Pujol

Coulemelles et Chlorophyllum brunneum

Sur la Mycoliste apparaissent, ces huit derniers jours, 7 cas d’intoxication avec Chlorophyllum brunneum . Sur les photos postées sur ce forum par les Centres anti poison à l’intention des mycologues pour identification on observe notamment des paniers, avant consommation, où sont mélangées Coulemelles (Macrolepiota procera et M. fuliginosa) et la Lépiote vénéneuse (Chlorophyllum brunneum). Une confusion d’autant plus fréquente qu’on observe, en ce moment, beaucoup de pousses de ces deux espèces ayant un air de famille.

La grande « famille » des lépiotes fourmille, dans les petites tailles en particulier, d’espèces très nocives comme par exemple Lepiota brunneolilacea, L.brunneoincarnata, L. subincarnata; L. severiana et L. lilaceaCes dernières étant référencées mortelles ce qui n’est pas le cas, du moins jusqu’à présent, de Chlorophyllum brunneum laquelle espèce, consommée vers 18h, a provoqué diarrhées et vomissements incoercibles dès 20h (cas évoqué sur la Mycoliste le 24 octobre).

Concernant les intoxications récentes, sans doute proportionnelles aux nombreuses cueillettes de champignons sauvages actuelles, l’Anses a rappellé le 23 octobre, dans un communiqué, les indispensables conseils de base en soulignant que: « Depuis le 1er juillet 2020, les centres antipoison (CAP) ont enregistré 732 cas d’intoxication dont 5 cas de gravité forte pouvant menacer le pronostic vital. Ces deux dernières semaines, les CAP notent une forte accélération du nombre d’intoxications. »

Revenons aux « grandes » lépiotes. Tout récemment, le 25 octobre, apparaissait dans le jardin, au pied du mur, dans un endroit riche en terreau, un chapeau ressemblant à ceux observés une année précédente.

A l’examen, squames du chapeau, anneau, bulbe déporté, stipe plutôt blanc et safran au grattage à la base… nous orientait vers Chlorophyllum brunneumRestait à faire une sporée pour recouper: « Spores :10-12 x 7-9 µm, ovoïdes, à pore germinatif large et tronqué » figurant dans la description de l’espèce par Eyssartier&Roux (Le guide des champignons France et Europe p.318 Editions Belin 2017).

Nous retrouvions peu ou prou (ci-dessus), concernant les spores, les caractères rencontrés lors d’une récolte effectuée l’année dernière (ci-dessous) de la même espèce dans un lieu différent. 

Quid de la confusion de C. brunneum avec la Coulemelle? Vu de loin et idées reçues, la taille écarte les plus toxiques (voir plus haut) mais on scrutera les chinures du pied

bien apparentes ci-dessus, lors d’une récente balade en Sud Gironde, chinures caractéristiques de la Coulemelle. Les squames-mèches du chapeau sont circulaires chez Macrolepiota procera . L’anneau double est plus épais

que celui de la Lépiote des jardins Chlorophyllum brunneum qui, comme on l’a vu plus haut, se colore fortement à la coupe et au grattage du pied. Et, pour éviter les coups de bambou à l’estomac sachez bien reconnaître les Coulemelles! Le pied dans l’assiette mais sans le pied, indigeste.

Michel Pujol

Le premier accordé!

Certains, nous pas, croient en la Lune. Dimanche soir Le Président a parlé et le lendemain après-midi, sur le bord du chemin: LE PREMIER. Le premier de cordée? Le premier accordé! Nous guettions en vain son apparition dans le bois d’à côté et ce lundi 15 juin, plutôt petit mais bien identifiable (nous le pensions mais voir plus loin) il s’offre à nos yeux.B.-aestivalis-MP-1

Le liseré blanchâtre à la marge du chapeau caractérise notamment Boletus edulis, le Cèpe de Bordeaux. Pousser aussi à une douzaine de kilomètres à vol d’oiseau de sa ville d’appellation rien que de très normal, parole de natif bordelais. Mais en partageant cet article sur Facebook nous recevions de « Fab Champi » cette remarque: « le liseré blanc n’est pas forcément caractéristique de Boletus edulis , certains Boletus aestivalis (reticulatus) l’ont aussi (ainsi que certains pinophilus et même aereus).
ici nous sommes en présence de Boletus aestivalis , et sur votre site la photo du « plus agé » aussi. » Dont acte. Les lecteurs de l’ancienne version verront que les photos des Cèpes présumé de Bordeaux ont muté en Cèpes d’été. Merci « Fab champi ».

L’avantage du Net c’est de pouvoir corriger sa copie après parution contrairement à la presse écrite d’avant que nous avons bien connue.

Et ce lendemain de paroles présidentielles apparaissait, peu loin du Cèpe, la première accordée de la saison que nous guettion aussi depuis au moins la mi-mai.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 3010212930.jpg

Enfin une Verdette, Russula virescens, Palomet dans le Midi. Dans un endroit aéré où perce le soleil à l’orée des arbres, chênes et charmes.

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La seule de son espèce trouvée cette saison mais un début riche d’espoirs et de dégustations. Et puis, à portée de main en bordure de chemin, un peu cachés, comme cinq doigts jaunes poignés au sol…

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… ces Girolles pruineuses plus en l’état que les trois trouvées le 2 juin dans une autre station. Restait à rendre visite, pas très loin, à cette dernière station habituelle au cas où. Que nenni, pas de Cantharellus pallens chez icelle. Source tarie? Mais en revanche en même lieu deux Russules apparemment charbonnière

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bonnes pour le panier, en attente de poêle et, pas loin de là

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un autre Cèpe, bien plus épanoui que le premier, au pied rongé. Sans remord, il rejoignait le panier en compagnie de l’autre Aestivalis, des Russules et des Girolles.

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Ce Plutée, Pluteus leoninus,  toujours magnifique s’ajoutait au tableau de chasse seulement photographique.

Deux jours auparavant, le 13 juin, toujours dans le bois d’à côté, nous n’avions fait que trois rencontres mycologiques.

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Deux espèces d’Amanites. L’Amanite fauve d’abord en macro sur place puis étude micro à la maison.

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De même pour l’Amanite au pied en étoile.

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Une espèce lignicole, sur tronc de chêne à terre. Gymnopus fusipes très anciennement Collybia fusipes. Même procédure macro-micro.

A deux jours de distance, en matière de pousses intéressantes, c’était un peu … « le jour et la nuit ». Alors, deux jours de Lune? C’est bien peu mais un Discours Présidentiel qui nous demande d’appuyer un peu plus sur le champignon avec toutefois de la modération ça interroge, ne croyez-vous pas …

                                                                           Michel Pujol

Cyclocybe, Agrocybe, Pholiota etc. bref Souchette de chez nous

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Beaucoup de champignons changent de nom au fil des ans. La nomenclature n’est pas confinée-figée et s’il est une espèce qui en témoigne c’est bien celle-là. En lisant sa fiche sur l’excellent site MycoDB on voit que la Pholiote du peuplier = Pivoulade s’appelait Agaricus pudicus Bulliard en 1793 et trente sept appellations plus tard, en 2014 son nom définitif (?) est Cyclocybe cylindracea (de Candolle) Vizzini & Angelini. Nous l’avions connu -et consommé- sous le nom d’Agrocybe aegerita (V. Briganti) Fayod. Ainsi était-il appelé chez Marchand (édition 1974) en précisant comme auteurs (Brig.) Sing. et Pholiota cylindracea (de Candolle ex Fr.) en synonyme. Egalement A. aegerita chez Bon (édition 2004); A. cylindracea (DC ex Fr.) Maire chez Phillips (reprise édition 1981); idem chez Courtecuisse & Duhem (édition 2011) avec A. aegerita et Pholiota aegerita en synonymes. Enfin notons qu’Eyssartier & Roux (édition 2011) le nomment Agrocybe Cylindrica puis actualisent en Cyclocybe cylindracea (édition 2017). Toutes proportions gardées, la mise à jour relève presque de l’actualité sur les chaînes dites en continu …

C’est sans doute le lot des espèces courantes maintes fois étudiées, réétudiées génétiquement, comparées, recomparées, mises à jour. Donc ce mercredi 13 mai, à quelques pas du domicile, le long d’une clôture avec sans doute quelque racine d’ancien saule ou peuplier ou autre s’incrustant sous le trottoir herbu nous avons rencontré un beau bouquet de ce que nous pensions être des Pholiotes dites du peuplier. La sporée déposée ce jeudi matin et la microscopie (ci-dessous)

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levait le doute si doute existait. Dimension des spores, formes basides et cystides conformes à la littérature pour cette espèce. Macroscopiquement aussi (ci-dessous)

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couleur de la chair, revêtement du chapeau, anneau, couleur, forme et insertion des lames tout correspondait. Nous avions consacré une chronique aux espèces « cueillies sur l’arbre » dont Cyclocybe cylindracea , chronique publiée précédemment dans le Cercle des idées du journal Sud Ouest . Nous y précisions sans doute que ce que nous appelons Souchette dans notre région est gustativement intéressante une fois bien déterminée. Le pied est généralement trop dur donc nous n’avons préparé et fait sauter que les chapeaux (en en gardant la moitié d’un pour la sporée et la micro) et, hier soir, apprécié la mise en bouche … avec modération.

Michel Pujol 

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Et rond et ronds jolis Mousserons

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Si nous avons un peu triché sur cette photo recomposée de carpophores (réels) disposés en rond très rapproché dans notre jardin fraîchement tondu c’est pour évoquer -foi de sorcier- la pousse circulaire de cette espèce. Les Mousserons surgissent en bordure du mycélium qui progresse comme le flux de l’eau actionné par le jet d’un caillou en bord d’un étang calme. Certes le cercle ne sera jamais parfait car, sous terre, quelques obstacles retracent le dessin du rond de sorcière.

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Au parc de l’Hermitage à Gradignan 33170, lieu de la récolte, l’herbe était bien haute, loin du chemin, cachant un peu à la vue des rares promeneurs quelques carpophores beiges au pied épais et court, à la marge enroulée et aux lames serrées. Leur odeur était bien celle dite « de farine ». Une forte suspicion donc de rencontrer le Tricholome de la Saint-Georges = le « vrai » Mousseron = Calocybe gambosa.

Nous n’étions pas le 23 avril évoqué dans une précédente chronique . La Saint Georges avait été quelque peu occultée par l’actualité virale. Sans doute la pousse avait-elle commencée avant le 7 mai, jour de découverte et le lendemain, veille de notre mise en ligne, nous fêtions les Désiré. Un signe? Force est de constater, vu les nombreuses consultations en ce moment sur notre blog de  l’article cité plus haut, que le champignon à la belle tête (étymologie grecque de Calocybe) est grandement … désiré par les cueilleurs printaniers!

Avions nous affaire au vrai Mousseron?

Les champignons prélevés nous paraissaient plus trapus qu’habituellement mais l’espèce « peut varier considérablement de formes et de couleurs », d’après Breitenbach et il y avait bien cette odeur que nous avions en mémoire.

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La microscopie allait nous conforter dans la détermination. La sporée était bien blanchâtre. Les spores elliptiques, lisses et hyalines dans l’eau (ci-dessus dans le rouge congo). Leur dimension (en moyenne 5,5 X 3,5 µm) conforme à la littérature (5-7 X 3-4 µm par exemple chez Eyssartier&Roux). Les basides étroitement clavées (comme précisé chez Breitenbach).

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Macrocospiquement ou, dit plus simplement, à l’œil nu, nous observions une chair d’un blanc immuable, un chapeau charnu aux bords enroulés et au revêtement beige légèrement taché de roux, des lames serrées, « arrondies au pied ou émarginées-uncinées » (cf. Marchand). Bref, autant de caractères conduisant à une identification fiable.

Et, dire qu’après-demain 11 mai on pourra se mettre au vert, mais en Gironde on y est déjà sur la carte, et aller en forêt, peut-être masqués, démasquer les espèces.

Michel Pujol

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Bibliographie: Breitenbach&Kränzlin vol. 3 n° 144; Eyssartier&Roux (Belin 2017) p.552; Marchand t.1 p.108 n°45; Courtecuisse&Duhem (2011) n°482; Bon (2004) p.166

Internet: MycoDB Alapoursuitedeschampignons mycocharentes

Enquête: Exidie glanduleuse et… méfions nous de toutes les propagules parasites!

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Dans une précédente chronique nous hésitions, en fin d’article, à déterminer une espèce, découverte sur tronc de chêne à terre, se présentant sous la forme d’une masse noire plutôt gélatineuse, une fois réhydratée ou par temps humide. La microscopie n’était pas facile à effectuer avec un échantillon que nous avions du mal à aplatir et qui « fuitait » entre la lame et le couvre-lame. Surtout, ce qui apparaissait sous l’objectif, spores supposées, hyphes etc. ne correspondait pas à ce que nous lisions dans la littérature correspondant à la microscopie d’une espèce macroscopiquement ressemblante. Une conversation, très récente, avec Jacques Guinberteau, suivie d’échanges avec notre ami mycologue, allait nous guider vers la solution. Merci Jacques.

Retour sur images

Nous découvrions donc le 7 avril 2020, dans notre rayon de 1 km de confinement, sur tronc de chêne à terre, sortant de son écorce, cette masse noire gélatineuse-sèche faisant vaguement penser à Exidia glandulosa.

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Une fois « décortiquée », la base paraissait marron foncée un peu transparente.

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Réhydratée, la masse était bien gélatineuse, cérébriforme en surface, et gagnait en transparence.

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La microscopie (ci-dessous) effectuée début avril nous faisait (écrivions-nous alors) « apparemment exclure l’hypothèse du basidio Exidia glandulosa. »

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« Elle nous orienterait » (poursuivions-nous dans notre ancien article) « vers les ascos, peut-être vers Cheirospora Botryospora mais vraiment sans certitude aucune. C’est là pour nous l’intérêt de la mycologie. Mener l’enquête, échanger, et apprendre encore. Humilité. » concluions-nous.

Images suivantes

C’était avant notre discussion avec Jacques Guinberteau mais, encore avant, nous étions revenu prélever quelques autres échantillons à l’aspect bien plus gélatineux car le temps avait tourné à l’humide.

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La microscopie effectuée sur cette récolte du 22 avril laissait apparaître, après quelques balayages, de rares spores en forme de « saucisse » dites allantoïdes et des hyphes bouclées.

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Nous avions vu et lu dans le tome 2 de Breitenbach numéro 21 la micro de Exidia glandulosa (extrait d’image dans montage ci-dessous) mais la recherche de basides semblait infructueuse avec notre récolte. Tout au plus quelques formes rondes-ovales esquissaient peut-être des basides.

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Et puis à l’occasion d’un coup de fil pour prendre des nouvelles réciproques en ces temps de confinement nous évoquons, le 27 avril, avec Jacques Guinberteau, notre enquête et lui envoyons, à sa demande amicale les quelques éléments à ce stade de nos recherches. C’est alors que Jacques G. nous orientera vers Exidia glandulosa sp. Nous échangerons encore et, dans un de ses mails Jacques G. écrira: « Faut se méfier de toutes les propagules parasites (spores, etc.) que ces champignons collants ou gélatineux peuvent emprisonner! ».

Propagules

Vous savez bien sûr, chère lectrice et cher lecteur, fans de biologie, de botanique et de mycologie, ce que le terme propagules recouvre. Nous, avons appris sur Wiki que  » Une propagule (du latin propagulum) est une structure de dissémination (propagation) et de reproduction. Cette définition, au sens large inclut aussi bien des structures végétatives que sexuées. Il existe de nombreuses définitions plus restrictives …
…Des propagules peuvent être émises par de nombreux êtres vivants (animaux, végétaux, bactéries, champignons, sous de nombreuses formes comme les spores, kystes … ) et être transportées passivement par le vent, l’eau ou activement par d’autres animaux, éventuellement sur de longues distances avec par exemple les oiseaux migrateurs… »

En bref, notre première micro nous avait fait voir des bouquets de spores qui n’appartenaient pas à notre champignon et des apparences d’asques ce qui est un comble, n’est-ce pas, pour un basidio. On dira que ça collait pas ou plutôt que ça collait trop! et, après avoir évoqué les propagules, Jacques G. écrivait: « Oui Michel, là ça colle nettement mieux! avec ce type de spores allantoïdes. »

Très peu de temps après nous nous remettions à l’ouvrage pour écraser entre deux lames un fragment d’hyménophore et feinter avec le couvre-lame pour rattraper l’infime morceau qui s’échappait dans son bain de Melzer et , là, les spores allantoïdes apparaissaient en masse. Leur dimension (voir ci-dessous) s’approchait de celle donnée par Breitenbach pour l’espèce (12-14×4,5-5µm) et Phillips (10-16X4,5µm). Chez les nombreux auteurs consultés au cours de nos recherches (voir bibliographie plus bas) nous avons retrouvé le terme cérébriforme pour décrire l’aspect macroscopique de l’hyménophore de cette espèce.

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En outre nous avons pensé apercevoir une baside, pas très distinctement certes, mais rappelant le croquis (avant-dernière image) de la description chez Breitenbach.

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De même, la spore de gauche (microscopie ci-dessous) rappelle une partie du croquis de la littérature Suisse.

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Donc au terme de notre enquête, avec l’aide de Jacques Guinberteau pour indiquer la bonne piste en se méfiant des propagules, nous sommes donc bien en présence de l’Exidie glanduleuse et ça colle!

Michel Pujol

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Bibliographie: Breitenbach&Kränzlin Tome 2 n°21; Courtecuisse&Duhem n°52 (édition 2011); Eyssartier&Roux page 1040 (édition 2011), page1072 (édition 2017); Borgarino&Hurtado page 64 (édition 2006); Bon page 324 (édition 2004); Phillips page 262 (France loisirs).

Notamment sur Internet: MycoDB , A.M.B. ; Myco Charentes

 

Ce 7 avril et… dans le rétro de mai 2015

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Serait-on, réchauffement climatique aidant, passé de mai en avril en cinq ans? La sagesse populaire dirait « les années passent et ne se ressemblent pas ». Aussi prenons garde aux conclusions hâtives. Toutefois, quelques espèces rencontrées ce 7 avril 2020, dans le bois d’à côté, en courte balade n’excédant pas une heure, dans un rayon d’un kilomètre, justificatif en poche en ce temps de confinement, nous interroge. Parmi les espèces, la première Russula vesca, première de l’année pour nous, un polypore, quelques fleurettes et un « truc » noir.

Petit regard en arrière. C’était le 6 mai 2015 sur le même site. Certes les espèces y étaient plus nombreuses:

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Une Amanite au pied rougissant.

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De vieux Bolets des charmes.

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Un premier Cèpe d’été (B. aestivalis) dont le stipe fourmillait de vers.

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Un Inocybe se révélant être, après micro, Inocybe cookei.

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Mais aussi

C’est là ou ce coup de rétro interroge. Le 6 mai 2015, tout comme le 7 avril 2020, nous rencontrions des Russula vesca contrôlées au « Fer ».

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Ci-dessus notre R. Vesca solitaire et quasi flétrie du 7 avril 2020, elle aussi confirmée au « Fer » au retour de la balade.

Autre rencontre du même type le 6 mai 2015, un petit Polypore (Polyporus tuberaster ou P. forquignonii)

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Et la même espèce, ce 7 avril 2020, dans les mêmes parages, sur du bois à terre, à portée de limace.

Certes, ce même jour point de Boletus aestivalis ni d’Inocybe cookei ni même de L. carpini. En revanche nous avons rencontré, sur tronc de chêne à terre, sortant de son écorce, cette masse noire gélatineuse-sèche faisant vaguement penser à Exidia glandulosa.

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Une fois « décortiqué », la base paraissait marron foncée un peu transparente.

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Réhydratée, la masse est bien gélatineuse et gagne en transparence.

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La microscopie nous fait apparemment exclure l’hypothèse du basidio Exidia glandulosa.

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Elle nous orienterait vers les ascos, peut-être vers Cheirospora Botryospora mais vraiment sans certitude aucune. C’est là pour nous l’intérêt de la mycologie. Mener l’enquête, échanger, et apprendre encore. Humilité.

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N.D.L.R. on trouvera la solution dans l’article suivant 

Agarics de prés, de près

Agaricus-arvensis-s.l.-MP

Bien avant le confinement, le 6 mars précisément, nous voulions vérifier si les Morchella importuna que nous avions aperçues début avril 2018 refaisaient « surface ». Justement, sur des pages Facebook dédiées figuraient quelques pousses de morilles. Alors pourquoi pas sur cette station de Gradignan d’il y a deux ans? Las! là point de ces jolis ascomycètes sinon des basidiomycètes bleus comme leurs pieds (photo ci-dessous).

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Pas de morilles donc mais si, d’aventure, les pézizes dites du cèdre pointaient auprès de leurs séquoias dans un parc voisin?

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Le joli parc de la mairie de Gradignan avec ses rosettes d’orchis pas encore fleuris et ses champignons. Pieds des cèdres et séquoias scrutés: point encore de Geopora sumneriana mais d’autres espèces. La même que précédemment (Lepista cf. nuda ci-dessus au centre), ce Xerocomellus à l’allure de chrysenteron aux pores de plus en plus larges avec la vétusté et ses nuances rougeâtres sur la cuticule et plus affirmées sur le stipe (ci-dessus à gauche) et quelques inocybes (à droite). Et puis…

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… des Agarics quasi en troupe dans le pré, proches de résineux. Des jeunes (photos de tête) et un plus mature (ci-dessus). Restait à déterminer l’espèce: pas très jaune au grattage de la base du pied ni à la coupe, son anneau descendant et l’aspect « roue dentée » sous la bague fermée.

La vieille habitude de « recouper nos informations » nous amenait le samedi de la semaine suivante, le 14 mars, de nouveau sur les lieux. Au « point morilles présumé »: point de morilles ni de Lépiste, en revanche, le parc de Laurenzane, toujours sans Geopora sumneriana,

outre (ci-dessus) Lépistes et Inocybes (pas de bolet), abondait de « nos » Agarics (ci-dessous).

id des Lépistes? Un peu de micro nous amenait vers Lepista cf. nuda.

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Et nos Agarics rémanents?

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Une « roue dentée » bien apparente sur les exemplaires pas encore ouverts.

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Un anneau descendant sur un pied glabre à base un peu arrondie et jaunissant un peu au grattage sur cet exemplaire mature.

Facebook et ses pages dédiées à la mycologie allait être bien utile pour notre identification. En effet quelques photos postées sur la page « Mycologie scientifique et champignons de France » (lien précédent Facebook) allaient susciter une première expertise de Guillaume Eyssartier: « Très difficile, voire impossible, sans microscope. C’est un Arvenses en revanche, pas un Xanthodermatei. »

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Après avoir pris connaissance par le canal Facebook de notre étude micro, Guillaume Eyssartier nous répondait très rapidement: « Avec cette taille de spores et ce pied plutôt glabre avec la base plutôt arrondie, on reste sur Agaricus arvensis (sensu lato sachant que indistinctus et gemellatus ne peuvent pas être distingués). Nous avons bien sûr remercié Guillaume de son aide précieuse. D’ailleurs, dans son Guide de champignons France et Europe (Eyssartier&Roux) on peut lire: « L’Agaric des jachères fait partie d’un groupe d’agarics assez délicats à identifier et qui est encore à l’étude ».

Donc notre Agaricus qui pousse dans un pré, étudié de près, est un Agaricus arvensis au sens large (s.l. sensu lato). On ne louera jamais assez l’écoute, la bienveillance et la solidarité de la communauté mycologique.

                                                                                                        Michel Pujol

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Petite bibliographie:

-Eyssartier&Roux (Belin 2017) page 288

-Courtecuisse&Duhem (Delachaux et Nieslet 2011) n°746

-Bon (Flammarion 2004) pages 278 et 279

-Marchand Tome 2 n° 106

– mycodb

Images sur le Net Agaricus indistinctus 1 A. indistinctus 2 A. indistinctus 3

Agaricus gemellatus

Brrr. Il fait froid et s’il n’en reste qu’un…

Ce 18 janvier, autour de Bordeaux, quelques périodes de gel après « nos chanterelles qui enchantent autour de Noël » , le temps n’est plus à la récolte. Il n’en reste que quelques unes à dévorer … des yeux seulement. Cueillette microscopique par rapport à celle que nous avions faite en même lieu le jour de la Saint Sylvestre. Justement, nous nous contenterons, le lendemain, de ne les observer qu’au microscope (voir plus loin).

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En effet, ces champignons de solide texture semblent résister à la froidure mais on observe que leur chair n’est plus aussi saine que dans leur jeunesse après gel. Les plis sont moins nets et quelques taches et points noirs sous le chapeau laissent suspecter quelques risques quant à leur consommation éventuelle. Les pousses fraîches sont rares. Autant tout écarter. Nous ne sommes pas sur la côte océane où le climat est plus tempéré et où Craterellus lutescens peut avoir encore de beaux jours devant elle.

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Côté microscopie (planche ci-dessus), nos mesures des spores ovoïdes sont proches de ce que l’on peut lire chez Essartier&Roux: 8,5-12,5 x 6,5-8,5 µm (4ème édition p.614); 9,3-11,9×6,5-8,4 pour notre récolte. Comme l’indique Pierre Roux (Mille et un champignons p.1117) nous avons aussi observé des basides à (2) 4 spores.

Autre espèce de basidiomycètes résistante au froid encore présente ce 18 janvier, le Bolet des bouviers.

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Ceux-ci semblaient, de loin, « tenir le coup » mais, en les soulevant, nous avons constaté leur état de tubes déliquescents.

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En revanche, à côté d’un autre Suillus bovinus, au chapeau très mou imprimé par la végétation, se tenait un exemplaire au pied encore dur recouvert, à la base, de mycélium épais tout blanc et dont les tubes étaient encore un peu durs.

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