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Jubilé: champignons=jubilation?

Ce 2 juin Sa Majesté Elizabeth 2 paraît, à la télévision, au balcon de Buckingham alors que commencent les cérémonies de son jubilé de platine. Jour exceptionnel. Et qu’en est-il de nos champignons dans le bois d’à côté? Et si, après des jours d’attente (on le verra plus loin) c’était … royal? Un petit tour d’après-midi.

Première escale à notre station de Girolles pruineuses pour y découvrir de maigres exemplaires mais elles sont là! Et si, la chaleur aidant, les Verdettes commençaient à paraître?

Mais que oui. En voilà une

puis deux autres que nous acompagnons de deux notes jaune pâle recueillies quelques instants avant à 300 mètres de là. Un cèpe ne serait-il pas bienvenu pour un peu … jubiler?

Et nous le trouvons en rebroussant chemin, à découvert, après les Russula virescens, à environ quarante mètres des précédentes Cantharellus pallens.

Ce Cèpe d’été n’est plus très frais mais bien debout même si les tubes de l’Eté déchantent quelque peu. Seul Boletus aestivalis de notre randonnée mais pas le seul Bolet.

En effet, toujours à proximité, dans ce bois où chênes et charmes rivalisent de verdeur, nous rencontrons deux Bolets des charmes à ajouter à notre tableau de ce jour royal.

Il faut dire que les jours précédents, plutôt secs, ne nous avaient pas, en ces lieux, gâté en diversité fongique.

Le 19 mai étaient apparues nos premières Girolles pruineuses, toujours sur la même station que plus haut et 

cette Russule solitaire et quelque peu vieillissante que nous avions du mal à identifier. En postant son image sur Facebook des pistes de recherche étaient apparues (merci à Richard Gonzalez, Guillaume Eyssartier et Pierre-Arthur Moreau) orientant vers la section Ingrateae et sous-section Pectinatineae.

Bord du chapeau strié, pied creux à la base, saveur douce, Fer rosâtre, Gaïac vert foncé étaient nos premières observations. A la suite du passage sur Facebook étaient ajoutées quelques remarques notamment une « marge cannelée et un pied irrégulier et boursouflé », « un voile au bord du chapeau et à la base du pied ». Il était demandé la couleur de la sporée et les caractéristiques des spores.

Voilà ce que nous observions. 

Un seul exemplaire limite bien sûr les hypothèses. Nous n’avions pas ressenti l’odeur de baudruche propre à R. praetervisa. En revanche le voile jaune décrit pour R. insignis nous interpellait ainsi que la description de R. recondita

Les jours suivants précédant « the first Jubilé day », en deux endroits différents du bois d’à côté nous avions rencontré ce lignicole au pied en fuseau si caractéristique de l’espèce et

post jubilé, il y a deux jours une Amanite très classique lors de nos promenades.

Certes, la pluie a repris aujourd’hui 8 mai laissant présager quelques récoltes futures mais nous garderons le souvenir d’un sentiment de jubilation bien que d’Outre Manche. God save the mushrooms!

Michel Pujol

Prem. à côté: 28 juin verdettes, 8 juillet cèpe d’été

Dans les espèces que l’on guette particulièrement en cette saison, les verdettes Russula virescens et le cèpe d’été Boletus aestivalis. Parce que, notamment, elles réjouissent les papilles mais aussi parce que elles sont identifiables au sein des cortèges de champignons qui pointent leurs chapeaux dans les mêmes biotopes au même moment. Nous aimons à les retrouver chaque année en particulier dans le bois d’à côté que nous ne fréquentons pas tous les jours mais souvent.

Lundi 28 juin

Ainsi c’est ce lundi 28 juin que nous avons vu (ci-dessus) notre première verdette de la saison. Vu son état, elle avait dû sortir quelques jours avant.

En revanche, celle-ci était plutôt jeunette

alors que cette autre était plus mature. Bref, nos premières Russula virescens étaient bien là à nos pieds à portée d’objectifs photo et, éventuellement, de poêle.

Lors de cette sortie nous retrouvions quelques Girolles pruineuses, Cantharellus pallens sur la même station qu’auparavant et même un autre endroit un peu plus loin.

Première rencontre de l’année avec la Collybie du chêne, Gymnopus dryophilus pourtant très courante habituellement parmi les feuilles en décomposition.

Autre espèce saprophyte la Collybie à larges feuilles, Megacollybia platyphylla présente, elle , depuis pas mal de temps

tout comme l’Amanite fauve, Amanita fulva

et l’Amanite à pied en étoile, Amanita asteropus.

Jeudi 8 juillet

Quelques jours plus tard, le 8 juillet, en mêmes lieux, nous retrouvions

minuscules cette fois, points jaunes au pied d’un arbre et une autre plus développée (à droite) la Girolle pruineuse, Cantharellus pallens.

Puis, en très grand nombre, sous charmes bien sûr, le Bolet des charmes, Leccinellum pseudoscabrum.

En grand nombre aussi la Collybie à larges feuilles, Megacollybya platyphylla et ses fils à la patte.

Bien représentée également la Russule vieux rose, Russula vesca reconnaissable ici sans qu’il soit besoin de la gratouiller avec un cristal de sulfate de fer.

En revanche, pour cette Russule isolée, une prise en main était utile pour gratter ses lames cassantes et sentir son odeur nette de coco. Pas d’ailleurs la seule à dégager cette odeur mais allure générale, couleur, odeur, fragilité nous conduisait à Russula fragilis.

Petit arrêt objectif pour capter ces rougeoiements ravissants de Amanita rubescens l’Amanite rougissante.

Et voilà qu’un autre Bolet apparaissait bien plus seulâbre ici que ceux des charmes et c’était le premier de la saison que nous rencontrions, le Bolet chatain, Gyroporus castaneus.

Premier de la saison dans ce bois d’à côté et lui aussi tout seul malgré des recherches tout autour: le Cèpe d’été Boletus aestivalis, affichant 189 grammes sur la balance une fois son pied sain bien nettoyé.

Pas de liséré blanc au bord du chapeau, le stipe bien réticulé: pas le Cèpe de bordeaux bien que de Gradignan donc de Bordeaux Métropole. Cèpe pas possible … mais si.

Michel Pujol

En voiture: jamais 203

A pied, à cheval et en … En nous baladant à pied samedi dans le bois d’à côté, à cheval avec la Rocade du grand Bordeaux, la veille d’un scrutin plutôt vert, nous allions prendre nos marques pour n’en garder qu’une à l’esprit, celle d’un lion ancien toujours sur les routes d’aujourd’hui.

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Première étape au pied d’un charme où le 2 juin déjà nous avions rencontré l’espèce et, ce 27 juin, seulement deux Cantharellus pallens (ci-dessus) perduraient.

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De très petite taille « nos » Girolles pruineuses rephotographiées en disposant à côté d’elles deux Russules vieux-rose de format habituel. D’ailleurs Russula vesca figurait en grand nombre à proximité.

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Et, non loin de là, dans une clairière peuplée de chênes et de charmes où le 15 juin nous avions trouvé un de ses congénères: un Cèpe d’été d’un âge avancé certes mais une fois « retaillé » encore consommable. Et d’1!

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Quelques pas de plus, entre feuilles de lierre, un autre Boletus aestivalis. Et de 2!

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Dégagé de sa parure verte, il avait jeune allure. Le pied, entièrement réticulé était un peu rongé sur un côté mais, lors d’une découpe ultérieure, il s’avéra très sain.

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Et, très peu plus loin, entre lierre et fragon, sous charmes et chênes, le troisième Boletus aestivalis de la balade, celui-ci moins fringant certes mais encore consommable. Et de 3! C’est là où nous venait à l’esprit le dicton « jamais deux sans trois » et la marque au lion avec son ancien modèle, la 203 apparue en 1948, déclinée en plusieurs versions à Sochaux et seul modèle de la firme commercialisé jusqu’en 1954 Wiki dixit. Remarquons la 102, cyclomoteur du même constructeur lancé en 1967 et la 304 , une 7CV de 1969 à 1980. Citons aussi la 405 et la 607. Un chiffre, un zéro, le suivant du premier (jamais 3 sans 4, jamais 4 sans 5…) Quoi de commun, me direz-vous entre modèles de voiture et les Cèpes? Le champignon bien sûr avec une petite nuance: en mycologie ne pas confondre vitesse avec précipitation ne serait-ce que pour éviter quelques accidents de consommation.

                                                                         Michel PujolCette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 347339682.jpg

Vus aussi notamment lors de la balade de samedi Russula virescens, Gymnopus fusipes, Megacollybia platyphylla, Amanita fulva, Amanita asteropus.

Ce 7 avril et… dans le rétro de mai 2015

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Serait-on, réchauffement climatique aidant, passé de mai en avril en cinq ans? La sagesse populaire dirait « les années passent et ne se ressemblent pas ». Aussi prenons garde aux conclusions hâtives. Toutefois, quelques espèces rencontrées ce 7 avril 2020, dans le bois d’à côté, en courte balade n’excédant pas une heure, dans un rayon d’un kilomètre, justificatif en poche en ce temps de confinement, nous interroge. Parmi les espèces, la première Russula vesca, première de l’année pour nous, un polypore, quelques fleurettes et un « truc » noir.

Petit regard en arrière. C’était le 6 mai 2015 sur le même site. Certes les espèces y étaient plus nombreuses:

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Une Amanite au pied rougissant.

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De vieux Bolets des charmes.

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Un premier Cèpe d’été (B. aestivalis) dont le stipe fourmillait de vers.

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Un Inocybe se révélant être, après micro, Inocybe cookei.

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Mais aussi

C’est là ou ce coup de rétro interroge. Le 6 mai 2015, tout comme le 7 avril 2020, nous rencontrions des Russula vesca contrôlées au « Fer ».

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Ci-dessus notre R. Vesca solitaire et quasi flétrie du 7 avril 2020, elle aussi confirmée au « Fer » au retour de la balade.

Autre rencontre du même type le 6 mai 2015, un petit Polypore (Polyporus tuberaster ou P. forquignonii)

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Et la même espèce, ce 7 avril 2020, dans les mêmes parages, sur du bois à terre, à portée de limace.

Certes, ce même jour point de Boletus aestivalis ni d’Inocybe cookei ni même de L. carpini. En revanche nous avons rencontré, sur tronc de chêne à terre, sortant de son écorce, cette masse noire gélatineuse-sèche faisant vaguement penser à Exidia glandulosa.

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Une fois « décortiqué », la base paraissait marron foncée un peu transparente.

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Réhydratée, la masse est bien gélatineuse et gagne en transparence.

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La microscopie nous fait apparemment exclure l’hypothèse du basidio Exidia glandulosa.

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Elle nous orienterait vers les ascos, peut-être vers Cheirospora Botryospora mais vraiment sans certitude aucune. C’est là pour nous l’intérêt de la mycologie. Mener l’enquête, échanger, et apprendre encore. Humilité.

                                                                             Michel Pujol

N.D.L.R. on trouvera la solution dans l’article suivant 

Faites de la musique et … verdissent les russules!

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La veille au soir la musique avait été célébrée dans un parc de la ville et le lendemain, non dans ce parc piétiné mais dans un autre , plus tranquille, nous allions voir si les russules verdoyantes aperçues en deux exemplaires minuscules le 18 juin étaient maintenant entrées dans … la danse.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 1520957684.jpgSur le trajet vers la station des R. virescens arrêt photos, au pied de charmes, devant ces deux  L. carpini (aujourd’hui Leccinellum pseudoscabrum). Appétissants pour les yeux dessus, dessous (un coup de lasso magnétique pour le montage) et comestibles si pas … cèpe.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 3974308279.jpgUn cèpe? un seul lors de la balade au chapeau grignoté par les hôtes de ce bois qui en avaient aussi grandement creusé le pied. Notre premier B. aestivalis de la saison (un deuxième trouvé ce jour 24 juin plus … entier). Plusieurs Amanites fauve avaient aussi poussé en nombre d’endroits.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 2172751488.jpgDe même que les Collybies à larges feuillets jouant à cache-cache avec le lierreCette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 252610915.jpgou plus à découvert.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est sans-titre.jpgCôté comestibles, nous retrouvions, au même endroit que la fois dernière mais en moins grand nombre, des girolles pruineuses.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 145870114.jpgJuchée sur une grosse souche moussue, cette petite Russule rouge aux lames blanches pas très serrées nous invitait à son identification. Sur place, bien évidemment, première approche, la goûter à peine et .. recracher très vite car ne manquant pas de piquant, d’âcreté et la conserver dans le panier pour, au retour, consulter bouquins et Internet. Dans le « Courtecuisse » (1) , dans les espèces du sous-genre Russula, sous-section Emeticineae  le numéro 1369 nous a paru être la bonne pioche. Outre la saveur « très âcre » déjà observée, le revêtement du chapeau « très séparable », l’odeur « de coco », le biotope (« feuillus ») etc. tout concordait avec Russula silvestris. Sur la fiche de Patrice Tanchaud consultée sur le site de Mycocharentes, la mention « souvent parmi les mousses » et les photos in situ renforçait notre conviction.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 393296511.jpgAutre Russule objet de recherches, celle ci-dessus, à pied lavé de violet, figurant dans le « Courtecuisse », page 420, section Heterophyllae, sous-section Amoenineae au numéro 1418. Nous l’avions,  marquée au « Fer » (FeSO4) et observé la coloration orange en réaction sur le stipe. Enfin, dans la même page 420 de l’ouvrage de référence (1) prend place au numéro 1415 toujours section Heterophyllae mais sous-section Virescentineae notre vedette de tête, pardon notre … verdette, « latinée » Russula virescens.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 1770672337.jpgCelle-ci, hors station habituelle tenait encore debout et menaçait ruines.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 1573781196.jpgUn peu plus loin, sur la même station, où nous avions rencontré deux minuscules verdettes quatre jours avant, des virescens bien matures s’offraient à notre regard comme dansant au gré du vent.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 1447622100.jpgCette fois-ci de bonne taille

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 3940609900.jpgpour une récolte dégustée éventuellement … en musique.

                                                                                                                                                  M.P.

1_ Régis Courtecuisse, Bernard Duhem, Guide des champignons de France et d’Europe (Delachaux & Niestlé 2011)

Girolles lot-et-garonnaises: même station en trois temps-trois ans 14/17/19

A chacune et chacun ses coins, ses stations. Y revenir année après année quand le biotope n’a pas trop changé, que les conditions climatiques sont favorables aux pousses, permet d’en suivre l’évolution. De récolter aussi les fruits de patientes observations quand, d’aventure, les sporophores visés sont comestibles. Ainsi en est-il des girolles et plus particulièrement de Cantharellus pallens (= C. subpruinosus), la girolle pruineuse qui apparaît généralement en mai quelque part en Lot-et-Garonne…

Avec Yvette et Roland, le 16 mai 2014, nous avions découvert leur biotope où, déjà les années passées, ils avaient récolté cette espèce à propos de laquelle Guillaume Eyssartier et Pierre Roux* écrivent « Neuf fois sur dix, c’est cette girolle qui est consommée et vendue sur les marchés, au lieu de la vraie girolle Cantharellus Cibarius ».

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Point de cabane au fond du jardin dans cette chênaie bien qu’on ne soit pas trop éloigné des terres de Francis Cabrel et, tout de même, quelques ca-ailloux et , sous la chaussure et dans le panier d’Yvette

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des pépites jaunes plutôt pâles

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poussant ici dans les endroits moussus et aérés et montrant leur chapeau pruineux.

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La cueillette allait être intéressante pour une dégustation lors du repas suivant l’après-midi de la balade sans bruine ni grosse pluie.

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La récolte abondante eut quand même une dimension … microscopique comme l’atteste la planche ci-dessus qui détaille notamment épicutis, spores et basides.

Deux ans plus tard

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Les mêmes causes produiraient-elles les mêmes effets en matière de champignons à condition toutefois que le biotope n’ait pas changé? Il semblerait car, deux ans plus tard, le 17 mai 2017, nos amis Yvette et Roland retrouvaient sur la même station leurs « pépites jaunes »

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et, une semaine plus tard, le 24 mai 2017, d’autres jaunettes rejoignaient leurs paniers en compagnie de deux cèpes d’été (Boletus aestivalis) au premier plan ci-dessus.

Cette année

Et, que croyez-vous qu’il advienne ce 30 mai 2019?

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Elles étaient là, fidèles au rendez-vous, qui avaient fleuri dans la chênaie moussue lot-et-garonnaise. Ces girolles seraient-elles notre avenir? Sans doute les témoins de la bonne santé de nos espaces naturels et de leur respect.

                                                                                                                                                 M.P.

* Le guide des champignons France et Europe Guillaume Eyssartier&Pierre Roux (Editions Belin 2011) page 590

La magie du cèpe

Momuy. La Chalosse à quelques enjambées d’Hagetmau. De ces pas de chercheurs de champignons qui longent les fossés, inspectent les sous-bois de feuillus et de résineux. Le « gouillatot qui a le diable à piter dessus » selon ma grand-mère aime la suivre, pendant les très grandes vacances des années 50, gravir avec elle la pente des prairies à  moutons et à Rosés des prés, et monter jusqu’au bois de Loustaou où poussent … les cèpes. Il y a bien d’autres coins cépus à l’époque. Il n’y aurait qu’à suivre Gaston, le chaisier du village, mais il part bien trop tôt le matin et ce cueilleur solitaire est taiseux sur ses lieux de découvertes. La magie du cèpe nait souvent de l’enfance. Merci Mouma.

Bien plus tard, les recherches et lectures personnelles, la fréquentation des sociétés mycologiques, les sessions, les sorties sur le terrain avec celles et ceux qui transmettent sans compter savoirs et expériences renforceront ma passion pour les champignons en même temps qu’une grande humilité car le domaine de la mycologie est d’une redoutable complexité et, pour se jouer bien, la petite musique sylvestre s’accompagne de pas mal de bémols, de silences et d’hésitations. Pianissimo ma non troppo.

La bande des quatre

On dit Le Cèpe. Quatre espèces différentes ont droit à cette appellation commerciale et, si on entre dans le détail, il y a de quoi y perdre son latin. Alors, dans le carré Cèpe sont quatre rois à la chair douce, blanche immuable qui ne se teinte pas, par exemple, de bleu à la coupe, aux tubes blancs puis verdissant. Il en est des Cèpes comme des humains, dans une même espèce on rencontre des frêles, des gros, des petits, des grands, des trapus, des jolis, des difformes, des albinos, des clairs, des bronzés. Chez les champignons, pour chaque espèce il peut y avoir plusieurs formes et plusieurs variétés.  Quatre Boletus sont Cèpe:

Boletus edulis, le Cèpe de bordeaux, chapeau gras au toucher, marron foncé puis plus clair, à la marge blanche tel un liseré, pores (sous chapeau) blancs puis jaunâtres, puis verdâtres selon maturité, pied clair la plupart du temps, orné souvent d’un réseau, tel un maillage en relief, blanc.

– Boletus aestivalis, le Cèpe d’été ou cèpe réticulé, d’aspect général proche du précédent, chapeau velouté sans liseré blanc, vite craquelé par la sécheresse, pied avec un réseau bien plus marqué que B. edulis  d’où son appellation de « réticulé ».

Boletus aereus, le Cèpe bronzé ou Tête de nègre, chapeau bronze à noir, pores blancs longtemps, chair dense, robuste, pied presque aussi foncé que le chapeau.

-Boletus pinophilus, le Cèpe acajou ou véritable Cèpe des pins, chapeau et haut du pied acajou roussâtre, revêtement du chapeau un peu rugueux (par temps sec), espèce robuste à silhouette souvent obèse.

Gagnants-gagnants

Cherchez l’arbre et vous y trouverez à proximité, si les conditions multiples sont favorables, telles espèces de champignons mycorhiziens. Ce carré d’as de la poêle est assurément à ranger dans la catégorie des gagnants-gagnants. Leur mycélium, réseau feutré souterrain, apporte au végétal eau, oligo-éléments, sels minéraux drainés bien plus loin que les racines d’un arbre. Ce dernier donne au mycélium, c’est à dire au champignon, le carbone, les sucres issus de la photosynthèse, fonction dont les animaux et les mycètes sont dépourvus. Chez les Cèpes, ecto-mycorhiziens, l’échange se fait par un manchon où ses fins filaments entourent le système racinaire de la plante. Le phosphore notamment, essentiel à la croissance de l’arbre est transmis par la mycorhize.  Cette association est bénéfique aux deux partenaires qui ne s’en portent que mieux.

Les saisons de pousses peuvent avoir des conséquences gustatives. En été l’arbre réserve une partie de ses sucres à ses feuilles. Plus tard, les feuilles jaunissent, tombent et le mycélium reçoit alors davantage d’éléments carbonés de son hôte. C’est ainsi, comme le remarque l’ami Robert Cazenave, Président de l’Association Mycologique de Bigorre, que les premiers Cèpes d’été (B. aestivalis), qui apparaissent dès le mois de mai, sont moins goûteux que le Cèpe de Bordeaux (B. edulis) ou le véritable Cèpe des pins (B. pinophilus)  dont la fructification (carpophore) est automnale voire hivernale comme nous le verrons plus loin.

Dans l’ordre d’arrivée

Sur la ligne d’arrivée du calendrier du carré des Cèpes, quand les cueilleurs ne se bousculent pas encore, par exemple, dans les clairières de chênaies-charmaies et bords de chemins, en plaine (photo ci-dessus prise un 12 mai) le gagnant est Boletus aestivalis. Thermophile (aimant la chaleur) le Bolet réticulé, pour émerger de terre, va avoir besoin de masse mycélienne pour se donner corps, d’eau (composant prédominant du carpophore) et d’un déclic « coup de chaleur » après lequel une sorte de bouton (primordium) surgit sur le mycélium et se développe plus ou moins rapidement en repoussant ce qui est au-dessus (pression osmotique) et grossit en surface. L’opération, du primordium-bébé au Cèpe taille proche de définitive, peut prendre quelques jours. L’expression pousser comme un champignon est, à tous les points de vue superficielle, puisqu’elle ne s’attache qu’au paraître et il faut être vu donc assez voyant, assez gros, pour paraître. Alors, l’œil-caméra humain vous voit vite grandir, un peu comme la médiatisation. C’est un autre débat même si champignon rime avec…

Autre thermophile estival (photo ci-dessus prise un 19 juin) Boletus aereus. Surtout sous feuillus en plaine et colline, le Bolet tête de nègre aime à fréquenter les terres calcaires d’où sa large présence dans le département de la Dordogne mais pas que. Sa pousse s’étale bien plus dans le temps que B. aestivalis et « le bronzé » se trouve encore en nombre en automne.

Celui-ci (photo ci-dessus prise à Soulac un 9 novembre) n’est pas que de Bordeaux mais presque de partout (ubiquiste). Plaine, montagne, feuillus (chênes, châtaigniers etc.), résineux (épicéas, sapins etc.), terres plutôt humides, Boletus edulis a lui, au contraire des deux précédents, besoin d’un coup de froid pour que naisse le petit bouton qui deviendra beau champignon. Plutôt automnal, voire hivernal (rares  cueillettes personnelles à Noël), il démarre quand la terre chaude est refroidie par de grosses averses, en particulier des pluies abondantes d’orages. Ainsi, en cette année 2017 dans notre région et bien ailleurs où ces conditions ont été réunies on a connu de belles pousses de Cèpes dits de Bordeaux. A l’époque moyenâgeuse et au delà , la conservation de produits frais ne pouvait durer des mois en l’état. Aussi cette légende d’un roi anglais qui se faisait livrer avec du vin de Bordeaux des cèpes de Bordeaux est bien gentille et toute bonne à vous mener… en bateau. L’appellation Cèpes de Bordeaux et de Fontainebleau apparaît, d’après Patrick Rödel, en 1855 grâce à J.H. Léveillé. Il n’est pas rare d’ailleurs de trouver à la vente dans des cageots étiquetés « Cèpes de Bordeaux » des cèpes qui, stricto sensu, n’en sont pas.

Enfin, le quatrième est plus tardif ( cela en général car un observateur nous a signalé l’avoir vu récemment apparaître avant B. aestivalis). Montagnard (photo ci-dessus prise un 3 octobre en Auvergne près de La Chapelle Geneste) Boletus  pinicola, le véritable Cèpe des pins, est présent sous conifères tels pins, sapins et épicéas (on peut l’y trouver en même temps que B. edulis) et plus rarement sous feuillus. Le Cèpe acajou est un excellent comestible.

« Culture », précautions et confusions

La connaissance des lieux et des conditions de pousse aident à la recherche de ces rois des champignons mais les facteurs sont nombreux et les équilibres fragiles. Si un plant de noisetier mycorhizé par Tuber melanosporum (la Truffe noire du Périgord autre champignon mycorhizien) a des chances, sur terrain de Ph 8,5 sans concurrence d’une autre truffe d’une espèce différente, de produire au bout de 7-10 ans et cela pendant une dizaine d’années, le « diamant noir », la recette n’est pas applicable au Cèpe. En effet, le mycélium de ce dernier se porte bien avec des arbres déjà bien avancés en âge. Ne trouve-t-on pas Boletus edulis plutôt au pied des chênes chenus? En laboratoire, les tentatives de « culture » du Cèpe n’ont pas dépassé le stade du primordium ce que confirme une rencontre girondine personnelle, récente et fortuite avec des spécialistes de l’INRA en activité.

Des bolétières expérimentales de scientifiques  ou de particuliers existent depuis plusieurs années. Le jeu consiste à faciliter les conditions de fructification sur mycélium déjà existant en éclaircissant, en contrôlant  l’hygrométrie, en évitant le piétinement etc. Mais on n’est pas en vase clos comme pour le champignons de Paris. La température, l’ensoleillement, les pics climatiques sont ce qu’ils sont et le nombre de cèpes est certes plus élevé que ce qu’il serait dans une nature livrée à elle-même mais on ne peut pas parler de culture, plutôt de facilitation de pousses.

En mangeant un Cèpe vous ingérez ce que son mycélium a pompé dans son environnement (et concentré): de bons éléments mais aussi des métaux lourds et, parfois, un peu de césium 137. Cela dit le Bolet bai (Xerocomus badius), les chanterelles à pied jaune (Craterellus lutescens) concentrent bien plus que les cèpes les matières radioactives. Fuyez pour vos récoltes les endroits pollués. Boletus sano in biotope sano.

La seule règle qui vaille avant de consommer (bien cuire et ne pas se « goinfrer ») un champignon est d’identifier avec certitude l’espèce réputée comestible. Pour les bolets le bleuissement n’est pas un critère de comestibilité ou de toxicité. Et attention aux confusions source le plus souvent d’intoxications. Ainsi le Bolet de satan (Boletus satanas) très thermophile (à droite sur le montage photos ci-dessus) ainsi que des espèces proches provoquent pratiquement tous les ans des cas de désordres intestinaux (syndrome résinoïdien).

Aller aux champignons c’est magique. Communier avec la nature. Découvrir des espèces différentes. Les regarder, les toucher, les sentir et … apercevoir un cèpe, un vrai. Sachez qu’ il appartient au propriétaire des lieux. Vérifiez la réglementation avant de prélever et laissez les « mauvais » poursuivre leur travail de régénération du site. Pas de coup de pied dans leurs jambes. Ils ne vous ont rien fait.

Michel Pujol 

La planche à bolets

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C’est moins dispendieux que la planche à billets mais il faut se rappeler que la comestibilité de certains bolets ne doit pas être prise pour argent comptant. L’overdose, le manque de fraîcheur, les lieux de récolte pollués et la fausse monnaie (confusions) invitent à ne pas jouer à pile ou face avec ces champignons à tubes. Voici quelques espèces récoltées un même jour dans les bois d’une commune de « Bordeaux Métropole ». Point de Cèpe de Bordeaux (plus automnal) en ce 19 août 2014. De ces quatre espèces Boletus aestivalis est le plus fréquentable dans l’assiette. Les autres, très amer (Bradicans ) ou présentant des risques de confusion (B. castaneus ou B. luridus) sont à écarter.

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Suillellus luridus est le nom actuel de l’ex Boletus luridus millésime 2014. De même le Bolet de Satan, ex Boletus satanas est aujourd’hui appelé Suillellus satanas . Pour être complet, dans la liste des espèces citées dans cette planche à bolets, ajoutons que l’appellation Caloboletus radicans a remplacé Boletus radicans .

M.P.

 

Encore là après la tempête

Hier samedi 26 mai le département de la Gironde a « essuyé » des cataractes de pluie et de grêle. En fin d’après-midi les orages avaient cessé. L’occasion alors, autour de Bordeaux, de suivre quelques stations et d’entrevoir des pousses nouvelles.

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Elles avaient fait leur apparition le  19 mai . D’autres Girolles pruineuses (ci-dessus) étaient au rendez-vous hier. Très petites à cause vraisemblablement du manque d’eau.

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Petit aussi ce Cèpe d’été au pied creusé par les limaces. Bien moins imposant que ses congénères des 9 mai , 11 mai  et  23 mai et sur la même station que lors des deux premières dates citées.

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Quelques Russules vieux-rose avaient commencé leur pousse les jours précédents et se trouvaient en plus grand nombre (une bonne dizaine) que le  9 mai ,bien entamées par les petits dévoreurs de champignons de la forêt.

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 Cette amanite rougissait encore plus de vieillesse

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tandis que cette jeunette se frayait un passage pour son chapeau-parapluie. Des pousses d’A. rubescens s’étaient déjà produites bien avant.

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En revanche, nous n’avions pas encore vu dans ce bois d’Amanite épaisse

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ni de Bolet des charmes. Avec toute l’eau qui est tombée les affaires devraient reprendre …

M.P.

 

Solitaire

Nous l’avions trouvé à Gradignan  une fois  le  9 mai puis retrouvé sur la même station  deux fois   ,deux jours après, en Gironde bien sûr eu égard à nos amis Belges parmi lesquels d’excellents mycologues. Il a fallu, hier 23 mai, que nous fassions plusieurs kilomètres aux alentours du  Parcours des Graves pour en découvrir un sous chênes.

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La sécheresse des lieux due à très peu de pluie ces derniers jours a fait que sur notre parcours nous n’avons entrevu, à part ce Cèpe d’été  (Boletus aestivalis)  , qu’une Russule charbonnière bien reconnaissable à la couleur de son chapeau (R. cyanoxantha), ses lames lardacées et sa douce saveur. A part ça rien d’autre en matière de champignons. Ce solitaire a fait hier soir le bonheur de nos papilles en suivant un conseil, valable en d’autres domaines: « A consommer avec modération »…

M.P.

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