
Mi-juillet, dans une propriété privée de Canéjan en Gironde, à l’abri de chênes, poussaient trois bolets aux pieds rouge (très réticulé pour le plus mature). A la coupe nous nous attendions à voir entre chair et tubes du chapeau la ligne de Bataille (du nom du mycologue qui l’a décrite), ce liseré rouge au-dessus des tubes qui caractérise, entre autre, le Bolet blafard. Cette ligne n’était pas évidente. Avait-elle été estompée par le bleuissement très marqué à la coupe? La variabilité de B. luridus (l’espèce compte plusieurs variétés) invitait à vérifier d’autres caractères.En étalant, par exemple, un réactif iodé sur le stipe nous avions bien une réaction bleu noir et ce même stipe était réticulé en mailles très allongées écartant l’hypothèse B. queletti bien que la base du pied de notre récolte apparaisse, à l’intérieur, presque rouge betterave.
L’amyloïdie des hyphes de la base du pied, le réseau rouge vif et le chair qui virerait au violet incline à penser que nous avions peut-être là la variété Erithroteron (Bezdëk) Pilát & Dermek en tous les cas un Boletus luridus au sens large (s.l.).

Microscopiquement, basides, cystides, spores et dimensions sporales concordent avec nos recherches dans la littérature. Manque l’étude de l’epicutis que nous n’avons pas faite.
En ce qui concerne la comestibilité de cette espèce les avis divergent du comestible bien cuit au « à éviter » nous nous rangerons à ce dernier avis en raison notamment des risques de confusion chez les bolets à pores rouge.
D’autant que le propriétaire qui nous avait invité à découvrir ces bolets à pied rouge avait dans son jardin, toujours sous chênes, une autre espèce (ci-dessous) qui ne posait aucun problème de comestibilité!

Contrairement aux apparences de ce montage, celui de gauche était plutôt gros et celui de droite bien plus petit et très ferme. A la chair blanche, comme un cèpe contrairement à notre Bolet blafard (ci-dessous);

Bibliographie:
Myco Db
Pierre Roux Mille et un champignons p.69; Breitenbach T.3 n°12; Eyssartier&Roux p. 98; Eyssartier&Coustillas&Lacombe p.136; Borgarino&Hurtado p. 127; Courtecuisse n° 1685; Bon p. 38.