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Auprès de leur arbre: fin de cycle? Amen!

Ce dernier jeudi toujours aussi secot et ce depuis longtemps. Dans le bois d’à côté, point d’amanites, russules ou bolets mais moult cyclamens malgré le manque d’eau. Pas de champignons? Que si. Auprès de leurs arbres les parasites vivent heureux bien que secs. En fin de cycle. Amen. La messe est dite.

Quelques Ganodermes luisants ont perdu de leur brillance supérieure et se détachent de leur support en cassant comme branche morte. Une poudre ocre s’envole alentour.

Les Polypores soufrés, bien en chair auparavant, s’émiettent au moindre pincement. 

En revanche, cette Langue de bœuf garde un peu d’élasticité et se tranche sans casser.

Les Amadouviers sont prêts à faire long feu

tandis que ce Polypore du bouleau colonise un bout de tronc au bout du rouleau. Foi de boulot! Vivement la pluie. A cette heure il y a bien quelques nuages noirs dans le ciel de la Métropole de Bordeaux mais pas une seule goutte. Madame Météo annonce, sans précipitation, quelques averses à venir prochainement dans ce coin girondin… 

Michel Pujol

Sans souffrir de la canicule: le soufré

Souffrez que je vous raconte … En ces temps de canicule peu de présence carpophorique dans les bois alentour. Il y a bien eu le 10 juillet trois Amanites au pied en étoile

espèce décrite par Sabo, ça ne s’invente pas mais en se mouvant en tennis entre feuillus et résineux et , bien sûr, en dehors de quelques lignicoles desséchés sur leur support point de carpophores.

Il y a quelques jours toutefois nous avions aperçu sur un tronc de feuillu, depuis très longtemps couché, quelques ondulations naissantes plutôt jaune clair laissant penser à … mais pas ouvertes comme… Aussi nous nous étions dit qu’il faudrait revenir dans quelques temps pour voir l’évolution mais cette canicule persistante nous laissait très dubitatif quant à la progression de la pousse. Sur ce gros tronc mais un peu plus bas que l’endroit d’apparition nous avions déjà récolté ce que les anglo-saxons appellent chicken wood. Aussi, hier était-il temps de vérifier. Ce qui fut fait hier.

Et c’était bien le Polypore soufré Laetiporus sulphureus qui s’était épanoui et nous regrettions de ne pas avoir photographié les pousses naissantes en forme de petites ondulations. Le manque total de pluie n’avait pas freiné la progression. Un peu plus loin nous allions retrouver l’Amadouvier en même état depuis quelques mois et

Fomes fomentarius restait figé alors que le « Soufré » s’étalait tendrement dessus-dessous. 

D’ailleurs, comme nous avons eu l’occasion de le signaler (cliquer sur les liens en début de texte) ce ne sont que les parties très tendres de ce champignon (pincer entre le pouce et l’index) qui méritent de passer à la poêle. 

Cela a été apprécié en famille le soir même.

Reste que le Poulet des bois est aussi adapté au menu … végétarien.

Michel Pujol

Bande à part?

Hier, dans le bois d’à côté, nous allions vers le spot de Cantharellus pallens ayant vu sur le nombreuses pages Facebook dédiées que la Girolle pruineuse commençait à se montrer en Gironde. Las! pas de jaunette « saupoudrée de farine » mais, à proximité de notre station, se dressait fièrement (ci-dessus) ce Phallus impudicus à la tête vert foncé dévorée par les mouches qui en disséminent les spores. 

Tout près, un autre Phallus impudicus était moins convoité par les insectes zélés. Une seule mouche sur le chapeau clair ayant perdu non de sa superbe mais de son revêtement odorant. Allaient-ils être les deux seuls champignons faisant bande à part?

Que non bien sûr. A proximité, dans ce bois de feuillus, un jeune trapu (1) semblait être, décapuchonné, une sorte d’Amanite à lames blanches et à bulbe à peine rougissant (2). Tout à côté comme la tête d’une Russule (3) par trop mouchetés et nous retrouvions (4 et 5) les lames blanches et le pied bulbeux du jeune trapu. Proches d’Amanita rubescens? Mis de côté pour une prochaine étude microscopique. Donc pas de Girolle mais déjà deux espèces.

Leur présence constante ne saurait étonner. L’Amadouvier vu de dessus et un dessous ajouté, Fomes fomentarius traverse les saisons.

Egalement attaché aux arbres mais plutôt printanier ce polypore fait partie des espèces que nous trouvons en ces lieux parmi les premiers en début d’année. Vieille connaissance maintes fois photographiée Polyporus tuberaster s’identifie sans beaucoup d’efforts.

Tout comme les premiers de la bande qui, en définitive, n’étaient pas si seuls que ça.

Michel Pujol

Divers d’été

Il nous aurait plu qu’il plût davantage mais bon, c’est l’été et des champignons il y en a toute l’année (clin d’œil à l’ami Paul Pirot). Retour sur deux journées à quelques pas du logis, les 4 et 7 juillet.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est russules.jpg

Le 4 juillet, les pousses étaient bien moins éparpillées que lors de la sortie précédente . Point de cèpe d’été mais quelques russules, verdettes et vesca, dont le « vieux rose » se déclinait du pâle au plus foncé.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 815050630.jpg

Point d’Amanite au pied étoilé non plus et nous retrouvions une autre Amanite, rougissante et un peu sèche, ainsi que Gymnopus fusipes très sec sur son tronc perché et l’habituel Polyporus tuberaster qui perdure sans trop d’eau.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 2102518560.jpg

La rencontre suivante allait être intéressante car source de recherches. Ce champignon au chapeau mamelonné strié nous rappelait l’allure de l’espèce que nous avions connue sous le nom d’Oudemansiella radicata, aujourd’hui Hymenopellis radicata. Une fois le stipe dégagé (et sans doute coupé un peu trop tôt) notre idée première semblait se confirmer. Le stipe était en effet très radicant mais orné de chinures rappelant celles de la Coulemelle et ces chinures nous intriguaient.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 2236336498.jpg

La sporée étudiée le lendemain et la micro autour allaient dans le sens des descriptions de cette espèce dans la littérature.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est hymenopellis.png

Macroscopiquement (sauf chinures) cela semblait « coller » également. Restait à échanger pour vérifier en postant ces éléments sur une page Facebook dédiée à la mycologie scientifique Gilles Wieskircher confirmait l’identification et Michel Michelet émettait l’hypothèse de la sécheresse pour les chinures sur le stipe.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 66369609.jpg

Le 7 juillet, très thermophiles comme chacun sait, les verdettes étaient sorties en plus grand nombre que trois jours avant.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 375077432.jpg

Nous retrouvions un autre Polyporus tuberaster et, sur le tronc d’un gros chêne cassé mais encore debout nous observions, là depuis très longtemps, les Amadouvier et, au pied, trois Ganodermes aplanis bien secs.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 931327146.jpg

Ornant également le pied du tronc mais en plus grand nombre (photo en tête de l’article) et plus en « fraîcheur », des Armillaires comme ceux, du même site, que nous avions décrits l’année dernière et dont nous soulignions le changement de nom au fil du temps: Armillaria socialis aujourd’hui Desarmillaria tabescens. Plût au ciel qu’il pleuve pour être moins « sec » en espèces.

Michel Pujol

 

 

 

Non je n’ai pas changé et Nom j’ai changé

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Nous l’avions remarqué  il y a quatre ans, en septembre à Gradignan en Gironde, luxuriant sur un tronc de feuillu envahi de lierre, à l’entrée d’un bois. Il s’appelait alors Armillaria socialis (syn. Armillaria tabescens). Nous l’avons retrouvé cette année en août dans le même bois, à quelques pas, puis en septembre. Cette dernière fois au même endroit, sur son tronc toujours orné de lierre. Et … il avait changé de nom. L’armillaire sans anneau  doit aujourd’hui porter le nom valide de Desarmillaria tabescens.

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Désarmant!

Quand Christian Rouzeau, un ancien de la Linnéenne de Bordeaux – de qui nous avons beaucoup appris en mycologie- pestait contre les changements de noms de champignons et continuait à les appeler à l’ancienne, cela nous laissait songeur. Aujourd’hui, ayant atteint peu ou prou son âge d’alors, nous le comprenons mieux.

La nomenclature restera certes toujours une difficulté mais, quelque soient les avancées scientifiques, la fluctuation de la dénomination des espèces est déconcertante. De là à penser que les noms de mycologues accolés aux nouvelles dénominations en est une clé? Ce serait regarder par le petit trou de la serrure et, jusqu’à présent nous n’avons jamais vu un carpophore (ce terme a repris du service) émerger d’une serrure…

Alors, en plagiant le bon Julio Iglesias, donnons -s’il en était besoin- la clé du titre de cette chronique. Non je n’ai pas changé (toujours l’Armillaire sans anneau) et nom j’ai changé (feu Armillaria socialis renait en Desarmillaria tabescens). C’est certainement faire beaucoup de cas d’un détail?

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Cela dit, la micro n’a pas changé. Nous avons laissé sur notre planche le nom à la date de l’étude.
En revanche, nous avons observé, au-delà du nom, non pas sur quatre ans, mais sur une quinzaine de jours la faible résistance à la chaleur de cette espèce lignicole.

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Ci-dessus, en haut, des bouquets d’Armillaires encore bien portants et, en bas, les mêmes « destroyed » seulement deux semaines après. Un manque d’eau flagrant pendant cette période.

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Toutes les espèces ne sont pas logées à la même enseigne. Prenez l’Amadouvier par exemple, une espèce présente et photographiée dans le même bois de Gradignan non loin des Armillaires pré-cités . Hors que son nom n’a pas changé « depuis Fries », cette espèce amadouée par feu l’Homme préhistorique à qui il a montré sa flamme, Fomes fomentarius donc n’a pas (ci-dessus) changé d’aspect en deux semaines. Il lui faut bien davantage.

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Quatre longues années par exemple (ci-dessus, même endroit) pour passer, sur le même arbre, du beau blanc au bien brun. Non, nom, celui -ci n’a pas trop changé!

                                                                                                         Michel Pujol

Amadouvier: les feux de l’Amour

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« Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort 
Nous nous vîmes trois mille en arrivant aux… pores »

La lectrice et le lecteur rectifieront d’eux-mêmes en arrivant à bons ports

En 1636, quand il publia Le Cid, Pierre Corneille ne pouvait ignorer l’existence de l’Amadouvier. Ce champignon de feu était utilisé depuis des siècles. On le retrouva en effet -rappelez-vous- dans le sac du chasseur  Ötzi découvert naturellement momifié dans le sud du Tyrol.

Vraisemblablement le chasseur préhistorique, qui avait ce tour dans son sac, ne s’en servait que pour allumer le feu. Connaissait-t-il les autres vertus prêtées à Boletus fomentarius (ainsi nommé par Linné son premier auteur en 1753)?

Selon Wikipedia « son nom renvoie à l’amadou, mot d’origine provençale qui signifie [amoureux], en allusion à sa capacité à prendre feu. Le nom binominal scientifique Fomes fomentarius se traduit, lui, littéralement par [combustible à pansements]. » Des vertus cicatrisantes et hémostatiques lui sont reconnues depuis longtemps. Plus récemment, une étude incite à trouver à Pyropolyporus fomentarius (L. ex Fr.) Teng (sa dernière appellation) un caractère antitumoral potentiel. Laissons le soin aux professionnels de la médecine de faire le tri scientifique dans l’univers des nombreux champignons dits médecinaux mais notre Amadouvier qui fait feu de tous bois et panse les petits bobos ne peut apparaître que très utile. A la question rituelle ça se mange? C’est déjà très dur de le dégager de son support qu’on a plus la force de le croquer et on ne sait pas encore s’il calme le mal aux dents. 

Il nous incite à revenir à Pierre Corneille du début de notre chronique qui, en versifiant de la prose de Molière dans son FESTIN DE PIERRE, prête à Sganarelle s’adressant à son maître Don Juan ces quelques vers:

 » Avec mon petit sens, mon petit jugement,

Je vois, je comprends mieux ce que je crois comprendre,

Que vos livres jamais ne pourroient me l’apprendre.

Ce monde où je me trouve, et ce soleil qui luit,

Sont-ce des champignons venus en une nuit?

Se sont-ils faits tout seuls?

C’était peu avant la naissance de la mycologie.

M.P.

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Bibliographie

Courtecuisse&Duhem n° 89; Bon p.320; Eyssartier&Roux p.1022; Borgarino&Hurtado p.69; Marchand T.3 pl.286

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