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A l’écoute de décembre, en Gironde, hors des sentiers battus

Quelles espèces rencontre-t-on quand le froid renforce ses effets sur la fonge à proximité de chez soi et dans d’autres endroits inhabituels? Revue de détails les 6 et 7 décembre.

Sentiers battus

Le 6 décembre, petit tour dans le bois d’à côté. Pas très loin du parking et de ses Coprins, sur les lieux où nous avions rencontré récemment Clavulina cristata et quelques Chanterelles.

Craterellus lutescens y était encore bien présente entre les aiguilles de pin et jusque dans la poche en plastique d’une promeneuse entre-aperçue sur « nos » sentiers, derrière les fougères.

Vues également, elles apparemment non cueillies par les promeneurs, quatre Coulemelles aux chapeaux bien épanouis. Pour le reste, pas grand chose ce jour-là sinon

quelques L. perlatum bien mûrs et sûrement moins d’autres espèces que les jours précédents.

Hors sentiers battus

Le lendemain 7 décembre, en compagnie de l’ami et expert, notamment en mycologie, Jean-Christophe Blanchard nous allions, hors de nos sentiers battus mais toujours en Gironde, nous rendre compte, s’il en était besoin, qu’en changeant de biotopes (1) et dans les mêmes conditions climatiques, la diversité fongique peut être au rendez-vous là et pas ailleurs. Certes nous n’avons pas de Pin laricio ni de cèdres, entre autres, dans le bois d’à côté et ceci peut expliquer cela: la trentaine d’espèces (2) rencontrées ce 7 décembre.

Des endroits très humides en contrebas de prés « fourmillaient » de sureaux et conséquemment d’Oreilles de Judas. Auricularia auricula-judae en masse (ci-dessus) sur un tronc épais et moussu à terre

ou plus mature pas loin de là.

Autre espèce assez courante, cette fois-ci sous cèdres, la Lépiote de Forquignon apparaissant en troupes.

 Plus rare, le Tricholome de Batsch qui peut pousser à la fois sous feuillus et sous conifères.

Un autre Tricholome, celui-ci répandu dans les forêts de pins sur sol calcaire, le Tricholome terreux appelé aussi Petit gris et Charbonnier, ci-dessus chapeaux plutôt ouverts et ci-dessous plus serrés.

Autre espèce appartenant au même genre

lui aussi calcicole, Tricholoma scalpturatum, à la chair jaunissante avec l’âge.

D’une brillance étonnante, cette Pholiote luisante se trouverait-elle au diable vauvert voire en enfer, foi de Lucifer…

Pour ajouter aux espèces rares rencontrées ce 7 décembre, voici, ci-dessus,  Agaricus cuprobrunneus, l’Agaric brun cuivré.

Enfin, pour ce qui concerne les espèces dont les photos révèlent, selon nous, une grande beauté terminons cette galerie avec Leucopaxillus amarus certes amer et Lepista saeva au joli pied violet dit aussi Tricholome masqué, Tricholome sinistre et Tricholome des oies. Et n’est-ce pas, en ce moment, la période pendant laquelle nous voyons haut dans le ciel les grues et les oies migrer. En quelque sorte, les oiseaux migrateurs appuient sur … le champignon pour atterrir sur … les pistes?

M.P. en collaboration avec JCB

(1) présence dominante de Pinus nigra sbsp.laricio. Autres essences présentes : Pinus sylvestris, Quercus petraea, Quercus cerris, Alnus glutinosa, Corylus avellana, Ulmus minor. Végétation arbustive : Sambucus nigra, Crataegus monogyna, Buxus sempervirens, Viburnum tinus, Arbutus unedo.

(2) Espèces rencontrées: SUILLUS COLLINITUSAGARICUS CUPREOBRUNNEUS, LEPIOTA CRISTATA, LEPIOTA FORQUIGNONII,  GYMNOPUS DRYOPHILUS , MYCENA HAEMATOPUS, TRICHOLOMA BATSCHII, TRICHOLOMA SCALPTURATUMTRICHOLOMA TERREUM, MELANOLEUCA SP, RHODOCOLLYBIA BUTYRACEA, PSEUDOCLITOCYBE CYATHIFORMIS, LEPISTA SAEVA,  LEPISTA SORDIDA, HOHENBUEHELIA GEOGENIA, LEUCOPAXILLUS AMARUS , PLUTEUS PHLEBOPHORUSINOCYBE SP, CONOCYBE SPHYPHOLOMA FASCICULAREPHOLIOTA LUCIFERA, PROTOSTROPHARIA SEMIGLOBATASTROPHARIA CORONILLA, STROPHARIA CYANEA, HYDNUM ALBIDUMCLAVULINA CRISTATAAMAROPOSTIA STIPTICA , STEREUM HIRSUTUM, AURICULARIA AURICULA-JUDAE, AURICULARIA MESENTERICA

Natur’Jalles au rendez-vous d’octobre

Si, en matière de biodiversité et de conditions climatiques, les années se suivent et ne se ressemblent pas forcément, en revanche, pour ce qui est de la fidélité, le compagnonage Natur’Jalles et A la poursuite des champignons est toujours aussi agréable. La sortie mycologique de ce samedi 22 octobre en porte témoignage. « Très belle sortie avec des personnes intéressées et sympathiques! » dixit Martine Leblond présidente de la première association citée.

Leur histoire remonte au 10 octobre 2020 puis se poursuit le samedi 9 octobre et le samedi 13 novembre 2021. Donc ce samedi 22 octobre 2022 était l’occasion de continuer les recherches de champignons dans la forêt communale du Taillan-Médoc riche en biotopes propices, feuillus et résineux.

Un groupe de personnes intéressées et sympathiques prenait donc le départ des recherches .

Première rencontre, celle du Paxille à pied noir ( Tapinella atrotomentosa ) , ici en bouquet, que nous allions retrouver, notamment plus solitaire, à de nombreuses reprises. Les différentes russules étaient testées au « fer » et au « gaïac », les amanites (pas de phalloide observée) décrites de la base du pied à la tête, les bolets classés cèpes – suillus – xerocomus pour aller du genre à l’espèce. Parmi les bolets, quelques bais ( Imleria badia ) et beaucoup de chrysenterons ( Xerocomellus chrysenteron ). Une balade très interactive avec des questionnements, entre autres, sur la comestibilité ou pas des espèces rencontrées, la durée de la pousse d’un champignon et … l’influence de la lune. Bref une leçon de choses très agréable.

Outre quelques amanites (à droite) un premier petit cèpe ( Boletus edulis à gauche) était trouvé.

Et un autre, bien plus gros, ravissait son cueilleur et allait compléter le panier contenant au total cinq edulis.

Le groupe se rassemblait sur le chemin avec les récoltes diverses pour revenir vers le point de départ

où les tables étaient dressées pour installer et commenter les différentes espèces trouvées notamment une Astrée hygrométrique ( Astraeus hygrometricus ). On l’aura compris: en forme d’étoile. 

Une balade placée sous la bonne étoile en quelque sorte …

Michel Pujol

A chaque jour ses stipes …

Ces derniers jours, dans le bois d’à côté, l’humidité aidant, les espèces se diversifient. Timidement certes mais si la Collybie du chêne (ci-dessous fin septembre)

continue à prédominer dans les sous-bois aérés, 

ce 13 octobre nous avons retrouvé cette espèce avec un bouquet de Sparassis crépu (ci-dessus) sans doute abandonné par des promeneurs.

Autres stipes, bien accrochés aux branches, ceux du Polypore moucheté (ci-dessus) très présent sur notre parcours.

Espèce très présente également ce jour-là, en bordure herbeuse de chemin, l’Agaric jaunissant reconnaissable, jeune, à son chapeau en « pyramide tronquée ». Plus tard, le stipe s’allonge, bien épaissi voire bulbeux à la base et, surtout, le jaunissement au grattage et l’odeur iodoforme, d’encre. Des témoignages de personnes intoxiquées par cette espèce rapportent une odeur désagréable à la cuisson qui devrait alerter ceux qui pensent avoir affaire au Rosé des prés.

Celui-là dont le stipe se tord doucement sans casser et aux lames bien espacées est, en revanche comestible (cuit). Le Faux mousseron se dressait non loin de l’Agaric jaunissant sur le même biotope.

Deux jours après, le 15 octobre, nous rencontrions, pour la première fois cette année, ce champignon reconnaissable notamment à son odeur très forte de farine mouillée. Peut-être une bonne nouvelle quand on sair que le meunier est aussi appelé « la mère du cèpe » dont il partage les mêmes endroits. Nous avons bien regardé tout autour mais point de cèpe ce jour là.

Les lignicoles perdurent comme l’indique notre planche ci-dessus.

Les russules commencent timidement à apparaître.

Bien plus en nombre sont les Collybies à larges feuilles.

Quelques Plutées cf. couleur de cerf montrent leurs lames roses.

Qui suis-je vue de dessous avec ce stipe chiné et anneau glissant. La recherche des champignons serait-ce le pied (le stipe)? Pas que mais il faut marcher pour avancer et s’arrêter pour découvrir. Utiliser ses cinq sens et aussi sa mémoire.

Vous l’avez bien sûr reconnue cette Coulemelle au large chapeau qui, au Porge par exemple, avait éveillé les appétits.

La saison ne ferait-elle que commencer? Il reste bien d’autres stipes à reconnaître et à découvrir.

Michel Pujol

Saveurs d’automne à Fontet: cinq jours de mycologie et biodiversité

L’association A la poursuite des champignons a été sollicitée par l’association des Anciens élèves de Fontet, commune girondine aux portes de La Réole, pour accompagner, du mercredi 13 octobre au dimanche 17 octobre « Saveurs d’automne, Mycologie, Biodiversité ».

Cinq jours au cours desquels nous avons eu beaucoup de plaisir à collaborer avec Anne Laborde, cheville ouvrière de l’organisation et du déroulement, les Anciens élèves, la municipalité et de nombreux bénévoles. La salle des fêtes de Fontet, ouverte au public du jeudi au dimanche, servait de cadre à des expositions, notamment mycologique, produits locaux, orchidées, accueil des élèves d’écoles élémentaires de Fontet et Mongauzy (jeudi et vendredi). Une conférence d’initiation à la bonne connaissance du monde des champignons se tenait le samedi après-midi.

Il fallait bien trouver quelques champignons pour les exposer. C’était le but de la sortie du mercredi matin dans différents lieux repérés et choisis autour de Fontet. Sous la conduite d’Anne Laborde, quelques participants dont Gérard Lemarcis, Daniel Pasquier et Michel Pujol (A la poursuite des champignons) devaient prélever quelques espèces. C’est ainsi qu l’on remarquait notamment en rang serré quelques Oronges, beaucoup de Paxilles enroulés (photo ci-dessus) et de Lactarius controversus.

En début d’après-midi, Jean-Christophe Blanchard (A la poursuite des champignons) nous rejoignait, non sans quelques autres espèces, pour peaufiner la détermination et rédiger les étiquettes de tous les champignons récoltés le mercredi et de « rescapés », encore en état, des sorties de Natur’Jalles et du Porge. Bref, avec quelques autres apportés par des visiteurs au cours de ces journées quelques 62 espèces dûment identifiées ont été présentées sur les tables.

Un coin réservé aux espèces parmi les plus toxiques était aussi habité par la figure inquiétante, et très remarquée, de la  » Grande Faucheuse ».

Jeudi et vendredi les élèves étaient organisés en petits groupes pour observer les champignons exposés, dessiner, lire la documentation très complète, les affiches, participer à des travaux pratiques. Nombre de questions pertinentes de leur part furent posées et beaucoup de réponses apportées. Comestibilité ou pas? qu’est-ce que c’est? où ça pousse? etc.

A noter Flavolaschia calocera, espèce d’origine exotique, dont quelques exemplaires trouvés et apportés par Jean-Christophe Blanchard suscitaient un grand intérêt chez les jeunes et aussi chez … les moins jeunes.

Samedi place aux aînés, quelquefois accompagnés d’enfants avec, l’après-midi, un public nombreux, très à l’écoute, pour assister à la conférence. Trois diaporamas consacrés à l’initiation à la mycologie, la toxicité, les confusions étaient projetés et commentés. Les questions rejoignaient celles des plus jeunes, les expériences en plus. Dimanche l’ouverture au public entrecoupée d’un vin d’honneur clôturait ces journées, remarquablement organisées, dédiées au monde des champignons et à la biodiversité.

M.P.

Espèces exposées

Russula cf torulosa/fuscorubra, R. odorata, R. praeterrisa; Lactarius controversus, L. deliciosus;

Amanita rubescens, A. phalloides, A. caesarea, A. citrina, A. cf. argenta/vaginata, A. excelsa var. spissa;

Entoloma sinuatum, E. cf.hebes; Gymnopilus spectabilis; Paxillus involutus, Tapinella atromentosa; Scleroderma citrinum, S. verrucosum, Lycoperdon perlatum; Mycena rosea, M. pelianthina, M. pura; Lepiota cristata; Inocybe tenebrosa, I. geophylla, I. geophylla var. violacea; Macrolepiota procera; Leucoagaricus cinerascens; Agaricus campestris, A. urinascens, A. xanthodermus; Cortinarius torvus; Hebeloma groupe fusisporum/sacchariolens, H. crustiliniforme;

Cantharellus cibarius, C. pallens, Hygrophoropsis aurantiaca;

Gyroporus castaneus, Neoboletus erythropus, Leccinum aurantiacum, Xerocomus subtomentosus, Boletus edulis, B. queletii, Lanmoa fragrans,

Pluteus cervinus, P. salicinus; Laccaria cf. laccata; Lacrymaria lacrymabunda;Megacollybia platyphylla;Gymnopus fusipes, G. erythropus; Infundibulicybe gibba; Fuscoporia torulosa;

Fomes fomentarius, Ganoderma lucidum, Fistulina hepatica, Favolaschia calocera, Pisolithus arrizus, Cyclocybe cylyndracea, Pholiota alnicola, Artomyces pyxidatus, Daedaleopsis confragosa, Trametes versicolor.

Avec Natur’Jalles, le plaisir de se revoir en compagnie des champignons

Presque jour pour jour, un an après (c’était le samedi 9 octobre  cette année et le samedi 10 octobre 2020 l’année dernière), Natur’Jalles avait demandé à « A la poursuite des champignons » d’animer une sortie. En voici le récit que l’on peut lire sur la page Facebook de l’association présidée par la très dynamique Martine Leblond:

« Grands et petits, jeunes et moins jeunes, nous étions tous motivés ce samedi à la recherche des champignons !Quand Michel, notre guide intarissable, montre un spécimen, les petits sont au premier rang, quand il le goûte, chacun regarde circonspect et quand il parle latin, « Lactarius deliciosus », on s’incline devant son savoir, lui qui reste si modeste !Champignons comestibles ou toxiques, peut-on les mélanger? Doit-on couper le pied ou bien l’arracher? Que d’idées reçues confrontées avec la vérité !Tous les champignons sont admirés : le Lycoperdon perlé avec sa blancheur nacrée et sa rondeur de meringue et les champignons qui festonnent les vieux troncs de leurs collerettes! Enfin, sous leur manteau de feuilles , 3 cèpes se sont offerts à notre convoitise récompensant notre assiduité!Un pique-nique ensemble a clôturé ce moment de découverte et de partage où la bonne humeur n’a pas manqué ! Merci à tous !Et rappelons que les champignons doivent être consommés avec modération! »

Ces photos dont nous avons fait un montage accompagnaient le sympathique compte-rendu de la sortie sur Facebook

Versus Poursuite des champignons, ajoutons 

que le groupe de « randonneurs » était très motivé,

qu’il étudiait nos découvertes avec sourires et grande application,

les plus jeunes miraient Boletus edulis dessus-dessous,

« c’est bien ça le Cèpe de Bordeaux » semblait dire Martine,

le Cèpe de Bordeaux tenait la vedette, orné de son liseré blanc autour de son chapeau,

Lycoperdon perlatum brillait de toutes ses pierreries,

sur la table de détermination s’affichait une grande diversité,

mais la vedette du selfie c’était bien lui et y’a pas photo.

Michel Pujol

Chanterelles: les deux font la paire

La mi-décembre et voilà revenu le temps des chanterelles. L’année dernière, nous en avions trouvé en février. Aussi en janvier. Même en novembre d’une autre année elles aparaissaient. Nous guettions leur présence dans le bois d’à côté et, hier vendredi, un petit tour vers les stations habituelles nous a fait constater qu’il s’en était cueilli. Les pieds coupés en témoignait mais, en cherchant bien, il en restait encore pour la photo et, peut-être, pour un peu de cuisine à la crème.

Nous allions retrouver des chanterelles en tube, Craterellus tubaeformis, assez développées

et des chanterelles à pied jaune, Craterellus lutescens, plus « fluettes », sans doute plus récentes et en plus petit nombre. 

On remarquera les différences les plus apparentes entre ces deux espèces comestibles: le stipe épais en tube et les plis bien affirmés chez C. tubaeformis (à gauche) alors que le pied est jaune et frèle chez C. lutescens et les plis sous le chapeau sont presque lisses (à droite). Une paire qui s’entend bien dans l’assiette et décembre, janvier, février, si les conditions sont favorables, devraient permettre de jouer la carte des Chanterelles et espérons que cela ne fera pas un pli!

Michel Pujol

Brrr. Il fait froid et s’il n’en reste qu’un…

Ce 18 janvier, autour de Bordeaux, quelques périodes de gel après « nos chanterelles qui enchantent autour de Noël » , le temps n’est plus à la récolte. Il n’en reste que quelques unes à dévorer … des yeux seulement. Cueillette microscopique par rapport à celle que nous avions faite en même lieu le jour de la Saint Sylvestre. Justement, nous nous contenterons, le lendemain, de ne les observer qu’au microscope (voir plus loin).

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En effet, ces champignons de solide texture semblent résister à la froidure mais on observe que leur chair n’est plus aussi saine que dans leur jeunesse après gel. Les plis sont moins nets et quelques taches et points noirs sous le chapeau laissent suspecter quelques risques quant à leur consommation éventuelle. Les pousses fraîches sont rares. Autant tout écarter. Nous ne sommes pas sur la côte océane où le climat est plus tempéré et où Craterellus lutescens peut avoir encore de beaux jours devant elle.

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Côté microscopie (planche ci-dessus), nos mesures des spores ovoïdes sont proches de ce que l’on peut lire chez Essartier&Roux: 8,5-12,5 x 6,5-8,5 µm (4ème édition p.614); 9,3-11,9×6,5-8,4 pour notre récolte. Comme l’indique Pierre Roux (Mille et un champignons p.1117) nous avons aussi observé des basides à (2) 4 spores.

Autre espèce de basidiomycètes résistante au froid encore présente ce 18 janvier, le Bolet des bouviers.

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Ceux-ci semblaient, de loin, « tenir le coup » mais, en les soulevant, nous avons constaté leur état de tubes déliquescents.

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En revanche, à côté d’un autre Suillus bovinus, au chapeau très mou imprimé par la végétation, se tenait un exemplaire au pied encore dur recouvert, à la base, de mycélium épais tout blanc et dont les tubes étaient encore un peu durs.

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Tirer la (les) langue (s) de soif!

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CHAUD hier 18 septembre. Tout comme aujourd’hui. Pas de pluie depuis plusieurs jours. SOIF à tirer la langue. Un bœuf sur la langue? Plutôt langue de bœuf! P’tit tour dans le bois d’à côté. Précédemment nous avions évoqué la non résistance ou la résistance de lignicoles (Desarmillaria tabescens et Fomes fomentarius) à la chaleur. Hier donc nous n’avons rencontré que trois autres espèces (ci-dessus). G.l. traduisez Ganoderma lucidum, le Ganoderme luisant; L.s. Laetiporus sulphureus, le Polypore soufré et F.h., Fistulina hepatica, la Langue de bœuf. Tous tiraient la langue sur des chênes où, apparemment, ils vivaient … heureux.

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Sans guitare, il nous était difficile d’entonner « Auprès de mon arbre » ou bien « L’Auvergnat » mais l’appareil photo, tiré du sac, saisissait (ci-dessus) les notes rouge (surtout au toucher) de Fistulina hepatica attachée à son chêne puis désenclavée par son pied et présentant le contraste du revêtement sanguin du chapeau et des pores jaunes du dessous.

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Non loin, toujours sur chêne, cette Langue de bœuf à étages commençant à gagner en maturité entre sève du support et sécheresse extérieure. Du rouge sombre comme sang coagulé …

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…  et puis, à proximité, cet exemplaire, sur « la fin », au pied d’un arbre rongé avec sciure apparente (en bas à droite). Nous verrons plus loin qu’il est possible, quand elle est encore jeune, de tirer profit de la Langue de bœuf.

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Tout comme il eût été possible d’accommoder ce Polypore soufré selon la recette que nous avions donnée l’an passé. Mais en l’espèce, hier, ce bouquet de langues jaunes était d’un sec dur non compatible avec l’assiette. On ne retrouvait aucune élasticité au toucher des extrémités. De véritables exsiccata.

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Ces deux Ganodermes luisant étaient, ensemble, sur un autre chêne (toutes les espèces décrites dans cette chronique se trouvaient dans un rayon de 70 mètres environ) . Nous en avons détaché un pour en montrer le stipe noir très dur et les pores blanchâtres. Faites une recherche  sur Internet en tapant Ganoderma lucidum et vous découvrirez -mais ne le savez-vous pas déjà?- que le Reishi (chez les Japonais) ou Lingzhi (en Chine) « connu depuis des millénaires » est une star de ventes de gélules fabriquées à partir de ce champignon séché. Parfois on lit qu’il « est rare » -d’où cher sans doute- alors qu’on le trouve assez fréquemment dans nos régions. Certaines images de vente de ce produit « miracle » témoigne d’élevage sur bûches de chêne enterrées.

Peu de mentions dans la littérature mycologique sur les « bienfaits » supposés ou avérés de cette espèce. On trouve, par exemple, la mention « non comestible » chez Phillips, Borgarino&Hurtado, Marchand; « intérêt décoratif » chez Bon; un logo correspondant à « sans intérêt ou indigeste » chez Eyssartier&Roux. Le Guide écologique des champignons Région Périgord Quercy précise lui, à la page 294, que « Si le Ganoderme luisant est beaucoup trop coriace pour être comestible, il est toutefois cultivé en Chine et utilisé dans la pharmacopée traditionnelle. Des études récentes démontrent qu’il contient en effet des molécules actives pour soigner certaines affections. »

Parmi les données scientifiques concernant Ganadorma lucidum et d’autres champignons pharmacologiquement intéressants il est possible de consulter cette note de bonne source.

Cela dit nous n’essaierons pas de réduire en poudre notre récolte pour un usage de bien être ultérieur sinon l’utiliser éventuellement pour une recherche microscopique. En revanche il nous intéressait de regoûter la Langue de bœuf. Nous en avions fait l’expérience il y a longtemps et cela ne nous avait pas trop séduit. Donc à midi …

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… après avoir relu la veille quelques conseils de préparation culinaire de cette espèce, nous avons, dans sa partie la plus tendre, pelé la cuticule de Fistilina hepatica, tranché de petites escalopes très fines dans la chair du bas du chapeau. Sautées tranquillement à la poêle dans de l’huile d’olive, salées, poivrées, additionnées d’ail en poudre. Un peu de persil du jardin et dégustation sur le champ dans une petite assiette. C’était pas mal du tout. Pas de cheveu sur la langue et … il y avait à boire. Même pas soif.

                                                                                                      Michel Pujol

Non je n’ai pas changé et Nom j’ai changé

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Nous l’avions remarqué  il y a quatre ans, en septembre à Gradignan en Gironde, luxuriant sur un tronc de feuillu envahi de lierre, à l’entrée d’un bois. Il s’appelait alors Armillaria socialis (syn. Armillaria tabescens). Nous l’avons retrouvé cette année en août dans le même bois, à quelques pas, puis en septembre. Cette dernière fois au même endroit, sur son tronc toujours orné de lierre. Et … il avait changé de nom. L’armillaire sans anneau  doit aujourd’hui porter le nom valide de Desarmillaria tabescens.

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Désarmant!

Quand Christian Rouzeau, un ancien de la Linnéenne de Bordeaux – de qui nous avons beaucoup appris en mycologie- pestait contre les changements de noms de champignons et continuait à les appeler à l’ancienne, cela nous laissait songeur. Aujourd’hui, ayant atteint peu ou prou son âge d’alors, nous le comprenons mieux.

La nomenclature restera certes toujours une difficulté mais, quelque soient les avancées scientifiques, la fluctuation de la dénomination des espèces est déconcertante. De là à penser que les noms de mycologues accolés aux nouvelles dénominations en est une clé? Ce serait regarder par le petit trou de la serrure et, jusqu’à présent nous n’avons jamais vu un carpophore (ce terme a repris du service) émerger d’une serrure…

Alors, en plagiant le bon Julio Iglesias, donnons -s’il en était besoin- la clé du titre de cette chronique. Non je n’ai pas changé (toujours l’Armillaire sans anneau) et nom j’ai changé (feu Armillaria socialis renait en Desarmillaria tabescens). C’est certainement faire beaucoup de cas d’un détail?

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Cela dit, la micro n’a pas changé. Nous avons laissé sur notre planche le nom à la date de l’étude.
En revanche, nous avons observé, au-delà du nom, non pas sur quatre ans, mais sur une quinzaine de jours la faible résistance à la chaleur de cette espèce lignicole.

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Ci-dessus, en haut, des bouquets d’Armillaires encore bien portants et, en bas, les mêmes « destroyed » seulement deux semaines après. Un manque d’eau flagrant pendant cette période.

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Toutes les espèces ne sont pas logées à la même enseigne. Prenez l’Amadouvier par exemple, une espèce présente et photographiée dans le même bois de Gradignan non loin des Armillaires pré-cités . Hors que son nom n’a pas changé « depuis Fries », cette espèce amadouée par feu l’Homme préhistorique à qui il a montré sa flamme, Fomes fomentarius donc n’a pas (ci-dessus) changé d’aspect en deux semaines. Il lui faut bien davantage.

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Quatre longues années par exemple (ci-dessus, même endroit) pour passer, sur le même arbre, du beau blanc au bien brun. Non, nom, celui -ci n’a pas trop changé!

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Au gré des pas à Canéjan en bord d’Eau Bourde

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 1333909187.jpgCette fin août, aux abords de Bordeaux, la sécheresse n’en finissait pas de tarir les pousses et si … en bord d’Eau … Bourde il y avait quelques frémissements? Revenir en terre connue , se garer près de la Salle Simone Signoret à Canéjan et descendre vers le moulin de Rouillac et puis poursuivre le long de la rivière vers les anciens terrains de feu IBM.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 2580184251.jpgPrès du parking de départ, sous la pinède, de vieilles connaissances, en troupe serrée avec quelques carpophores desséchés. Il en restait quelques présentables (ci-dessus) pour montrer leur chair jaune, leurs pores serrés, leur stipe comme pointillés et le revêtement du chapeau plutôt « glissant » quand il fait humide. De vrais Suillus qui concentrent les terpènes du Pin en haut du béret donc qui font « aller » dans une mise en selle rapide. Comme un remède de cheval pour mines constipées.

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Non loin de là, plutôt sous feuillus cette fois, un autre laxatif quand il est pris, par erreur bien sûr, pour un Rosé des prés. L’Agaric pintade (ci-dessus) tout comme son « cousin » l’Agaric jaunissant (Agaricus xanthodermus) se plait dans les biotopes rudéralisés, anthropisés et, sur ce lieu canéjanais, très agréable pour se balader, la présence humaine est fréquente.

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Côté micro, l’espèce Agaricus moelleri apparaissait bien comme étant celle de notre récolte. A part deux exemplaires très desséchés de Xerocomus chrysenteron nous ne trouvions pas d’autres champignons et nous quittions le haut du parcours pour aller vers l’Eau Bourde inspecter le long du canal de dérivation du Moulin de Rouillac où, régulièrement, nous rencontrons quelques Amanites phalloïdes. Las, pas une seule. En revanche, plus tard …

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… après avoir franchi le pont du canal de dérivation puis celui de l’Eau Bourde, au pied d’un talus ce Bolet (ci-dessus) se détachant du tapis de lierre.

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Dégagé du sol, il présentait des tubes orangé se tachant à la pression, un stipe non réticulé dont la base laissait présager l’espèce (ci-dessus à gauche). Restait à trancher la question (ci-dessus à droite). La couleur betterave du pied du pied plaidait bien en faveur du Bolet de Quélet.

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Restait notamment à jeter un œil dans une dépression, logiquement plus humide, prolixe certaines fois en Lactaires dits délicieux. Là point de lactaires mais (ci-dessus) ces Amanites à bulbe étoilé très ubiquistes. Tout près d’elles, une tache verte (ci-dessous).

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Une Russule? Que non! De fil en aiguille (s) -beaucoup la recouvraient- l’espèce, la plus mortelle d’entre toutes, était déterminée (ci-dessous).

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En effet, en creusant autour du sujet (ci-dessus), on distinguait en trois temps le revêtement fibrilleux du chapeau, le reste d’une volve en sac à la base du stipe et des lames blanches. L’état dégradé de l’exemplaire ne permettait pas de voir l’anneau mais c’était bien sûr une Amanita phalloïdes.

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D’ailleurs, une autre de la même espèce (ci-dessus), cette fois-ci entière se dressait à proximité de l’autre. Il suffisait d’en dégager la base pour mettre en valeur la volve en sac pour cette photo où l’anneau apparaît distinctement.

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Une occasion, au retour, de la scruter au microscope pour la ficher (ci-dessus). La balade n’était pas terminée et nous comptions bien longer la rivière, l’échelle à poissons à l’ombre des Aulnes glutineux qui jalonnent l’Eau Bourde.

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Et, au pied de l’un deux, nous retrouvions, en quantité (ci-dessus), ce Paxille qui leur est inféodé.

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Outre son affinité avec l’Aulne glutineux, P. rubicundulus (ci-dessus) se différencie de P. involutus par sa marge qui n’est pas aussi enroulée et sa couleur plus … rubiconde. Restait à poursuivre le cheminement de l’autre côté via le pont communiquant avec l’ancienne zone de feu l’usine IBM avec l’arrière pensée d’y voir quelques Bolets de la stirpe des Cèpes.

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Faute de grives … Joli Lactaire (L. rugatus? ou aurantiofulvus, aurantiacus, atlanticus etc..) et Russules sèches (R. cyanoxantha?). Nous n’avions pas, notamment, de sulfate de fer dans le sac pour réduire le cercle des hypothèses ni l’envie d’en faire bien sûr, des sujets de consommation. S’il y avait eu quelques cèpes…

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Sur le retour, au bord du canal du Moulin de Rouillac, des taches blanches élevées. Des Macrolépiotes oui mais à ne pas confondre avec les Coulemelles.

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Il s’agissait de la Lépiote vénéneuse (Chlorophyllum brunneum) très présente en ce moment et, si l’on en croit la Mycoliste , au hit-parade actuel des désordres gastriques.

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Autre Lépiote toxique, croisée près des Paxilles, cette fois bien plus petite et à rejeter comme toutes les petites Lépiotes: Lepiota cristata.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 513549868.jpg

La Lépiote à crêtes est bien mignonette mais ne jugeons pas -pour les fréquenter dans l’assiette- les champignons à leur belle allure. Une seule règle: être sûr de l’espèce, de la comestibilité de cette espèce. Si oui, des conditions de préparation (cuisson etc.) et de la nécessité d’actualiser ses connaissances. Vérité d’hier n’est pas forcément celle d’aujourd’hui.

Nous reviendrons à Canéjan. Plût au Ciel qu’il pleuve.

                                                                                              Michel Pujol