La période de sécheresse vécue ces derniers jours en région bordelaise, et cela jusqu’en octobre!, nous laisse sur notre faim. Nous avons bien vu très récemment dans un bois breton du Finistère pléthore de Scleroderma citrinum et deux Amanita citrina. Rien d’autre. Nous revient en mémoire cette récolte (en 2016) sur « nos terres » quand la sécheresse sévissait: un lentin dont l’étude suit.
Ce Lentin que nous avons rencontré sur un tronc de résineux moussu à terre depuis bien longtemps était seulabre sur son arbre. Il ne justifiait pas ici son appellation de suffrutescens qui, si l’on en croit le Dictionnaire étymologique des noms scientifiques des champignons d’Yves Bresson édité en 1996 par l’Association Mycologique d’Aix en Provence, signifie: « produisant quelques rejetons, subcespiteux ». En consultant Mycodb on voit des images de cette espèce justifiant les rejetons et le caractère cespiteux. En revanche les épithètes squamosus (écailleux, squameux, rugueux) et lepideus (couvert d’écailles, de squames) lui collent ici à la peau de la tête au pied.
On remarquera dans notre illustration de tête plusieurs appellations binomales dont la première partie va de Panus à Neolentinus en passant par Lentinus. Pierre Roux dans Mille et un champignons (2006 pages 286 et 287) le place dans la tribu Lentineae Fayod (chair coriace présentant au microscope une structure dimitique; boucles+; avec ou sans cystides métuloïdes), dans le genre Lentinus Fr. (lames non fourchues; chair charnue et coriace), dans le sous-genre Panus (Fr.) Pegler (hyphes squelettiques ou squeletto-ligatives le plus souvent non rameuses, « hyphal pegs » absentes, cystides parfois présentes) et enfin dans la section Squamosi Fr. (arête dentelée, pas de gléocystides ou de cystides métuloïdes).
Dans la littérature (papier et numérique) il est décrit comme apparaissant « plus facilement les années de sécheresse ». Il est vrai que le 30 juillet 2016 sur le lieu de notre récolte on comptait les espèces présentes sur les trois doigts d’une même main.
Les auteurs (voir bibliographie en pied d’article) soulignent aussi son odeur « aromatique », « un peu de cannelle ou parfois anisée », « de cannelle ou de dentifrice ». Sous notre exemplaire, donc on se gardera bien de généraliser, nous percevons une senteur légèrement d’alcool fruité puis une note de cannelle et à tout le moins d’épice à la dessication laquelle jaunit le sporophore.
Autre caractère outre les squames (sur notre planche ci-dessus chapeau haut droite, stipe pied centre), des lames denticulées (bas doite).
La sporée est blanche. Les spores cylindriques à cylindriques elliptiques apparaissent bien guttulées dans le lugol (notre photo) et seulement finement granuleuses dans le congo. Leurs dimensions moyennes pour notre récolte sont de 9,9×3,7µm. Breitenbach, par exemple, indique 7,5-12×3-4,5µm.
Les lames sont nettement décurrentes.
Etude Michel Pujol
Bibliographie Courtecuisse&Duhem n° 140; Eyssartier&Roux p. 550; Bon p. 122; Breitenbach vol.3 n° 238; Roux p.292
Sur le Net: Mycodb ; Groupe Mycologique Vosgien; ChampYves; Mycocharentes