
Ces derniers jours nous avons vu apparaître sur des pages Facebook dédiées aux champignons des petites Lépiotes jaunes. Une (des) espèce (s) décrite (s) comme apparaissant fugacement dans les pots de fleurs et les serres. Décorative en quelque sorte. Son jaune est du plus bel effet et son aspect pelucheux donne à cette mini Lépiote une robe de défilé de mode emplumé à voir à … la loupe.
C’est en septembre 2010, en Corse, que nous avions fait connaissance (ci-dessus). Elle y fréquentait une pelouse de bord de mer bien entretenue et embuées de rosée le matin et, de surcroît arrosée de temps en temps. Ici sans pot de fleurs et pas sous serre mais, sans doute, faut-il compter avec un apport de terre assez riche, peut-être la présence d’un mycélium résiduel à moins que des spores portées par les nuages aient ajouté leur grain de beauté à l’île du même nom.
Donc, nous sommes sur la côte orientale, juste au dessus d’Aleria, à Marine de Bravone, à cent mètres de la mer, rue Jean-Marie Pacelli, dans une pelouse. Quelques inocybes difficiles à identifier sans l’aide du microscope laissé sur le Continent et … un champignon qui, lui, n’offre pas, au premier abord, de grosse difficulté de détermination.
Cette petite lépiote, jaune de la tête au pied semblait en effet être le Leucoprinus flos-sulfuris décrit dans « le Courtecuisse » ou Leucocoprinus birnbaumii=luteus évoqué dans « le Breitenbach ».
Là, il venait dans une pelouse bien entretenue en un seul exemplaire pas très bien photographié en l’absence de l’objectif macro … lui aussi laissé sur le Continent. Les jours suivants allaient démontrer la présence d’une station assez productive puisqu’ils étaient trois chapeaux alignés le lendemain.
Le surlendemain (une feuille les avait protégés ) ces chapeaux s’étalaient.
Le jour suivant, une autre Lépiote jaune perçait l’épaisse pelouse.
Le jour suivant, la pelouse était rasée de près, de bon matin, par les agents d’entretien.
L. straminellus
Lors de la publication à l’époque sur le blog Myco 33, Pascal Michel, dans un commentaire, attirait notre attention sur une certaine ressemblance macroscopique de notre récolte corse avec Leucocoprinus straminellus. En effet, les illustrations de Leucocoprinus straminellus (Bagl.) Narducci & Caroti = Leucocoprinus denudatus (Rabenh.) Singer consultables notamment sur les sites d’ Yves Deneyer et de Jean-Louis Cheype confortent cette hypothèse; le caractère le plus marquant sur les photos étant les marges striées sur la moitié inférieure des chapeaux, la position des squames moins concentriques et l’aspect plus pelucheux, poudré et délicat de ces dernières.
D’autre part, dans une étude de quelques Lepiotaceae dont L. straminellus , Abdelkarim EL-ASSFOURI, Amina OUAZZANI TOUHAMI, Rachid BENKIRANE et Allal DOUIRA, évoquent l’aspect poudré et le collarium jaune pâle que l’on distingue sur les photos in situ de notre récolte corse.
2011: dans un pot de fleurs
Enfin, il était dit que l’hôte des pots de fleurs allait se rappeler à nous. L’année suivante, en 2011, notre confrère et ami Nicolas César la découvrait et la photographiait un 24 juillet dans un pot, au pied d’une plante, à Saint-Vincent-de-Paul (33). Une troupe de six Leucocoprinus à différents stades de développement qui rapellaient L. flos-sulfuris ou L. birnbaumii=luteus ou L. staminellus.
Michel Pujol
Bibliographie:
Courtecuisse & Duhem n°706 et 707 (édition 2011); Bon p.288 (édition 2004); Eyssartier & Roux p.322 (édition 2017); MycoDb