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Dans le rétro: Sur les chemins de Canéjan

Avant de revenir, quand les conditions de pousses seront plus propices, sur le Parcours des Graves à Canéjan, nous republions un article qui a figuré sur le site de la Ville de Canéjan à la rubrique actualités. Le but alors était de constituer un guide  illustré des espèces identifiées sur ce parcours.

Approche de la mycoflore

sur le Parcours des Graves à Canéjan

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Sur les bords de l’Eau Bourde, des Aulnes glutineux et leurs Paxilles (Paxillus rubicundulus), des chênes et leurs Lactaires (Lactarius quietus).

Dame Nature est diversité. Chaque biotope a son cortège de plantes, d’animaux et de champignons. Certains de ces derniers n’habitent que sous feuillus, d’autres que sous résineux, d’autres encore fréquentent les deux, la plaine, les collines, la montagne mais tous ont besoin de nourriture et d’eau. Leur présence ne doit rien au hasard. Nous ne les voyons que quand leur appareil reproducteur (le carpophore) émerge alors que leur mycélium poursuit ( en se développant sous terre, dans les feuilles, dans les morceaux de bois, les troncs etc.) sa longue vie de décomposeur, recycleur, équilibreur  des milieux naturels. Son rôle est essentiel. Petit inventaire, forcément partiel, des espèces existantes. N’y figurent bien sûr  que celles qui nous ont  montré un bout de leur chapeau, de leur calice, de leur boule et que nous avons identifiées. D’autres, plus timides, attendront pour plus tard leurs conditions idéales de pousse.

Le Parcours des Graves

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Tracé en rouge sur cette carte, il relie à travers bois et prairies Canéjan à Cestas (à l’est), Gradignan (à l’ouest) et Léognan (au sud). Nous nous sommes intéressé à la partie canéjanaise de ce cheminement. Les espèces répertoriées dans cet inventaire ont été rencontrées en bord et aux abords du sentier fléché fréquenté  par  promeneurs, joggers et cyclistes.

Les relevés ont été faits surtout à l’été/automne 2017 et nous y avons intégré des données personnelles issues de balades mycologiques antérieures recoupant ce circuit.

Un inventaire de champignons, pour qu’il soit exhaustif, doit être mené durant  plusieurs années et concerner  toutes les périodes de pousse. Cette approche forcément partielle de la mycoflore témoigne de la richesse de son milieu naturel,  incite à en apprécier la grande diversité et de faire en sorte qu’elle demeure, voire s’améliore.

La boucle du Lac Vert

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Prairies, feuillus et résineux servent d’écrin au vaste Lac vert. Tout autour, le seul 30 septembre 2017, nous avons dénombré une trentaine d’ espèces différentes. Le pire et le meilleur en matière de prévention d’intoxications puisque des Amanites phalloïdes poussaient ce jour-là non loin de Cèpes de bordeaux. Revue de détail (dénomination scientifique suivie, si possibilité, du nom vernaculaire):

-AMANITES: Amanita phalloides (Amanite phalloïde), A. rubescens (Amanite rougissante), A. fulva (Amanite fauve), A. vaginata (Amanite vaginée), A. excelsa var. spissa (Amanite épaisse).

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-BOLETS: Boletus edulis (Cèpe de bordeaux), Xerocomus subtomentosus (Bolet tomenteux), Suillus granulatus (Bolet granulé), S. bovinus (Bolet des bouviers), Gyroporus castaneus (Bolet châtain).

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-COLLYBIES: Collybia dryophila (Collybie des chênes), C. fusipes (Collybie à pied en fuseau), Megacollybia platyphilla (Collybie à lames larges).

-LEPIOTES et AGARICS: Macrolepiota procera (Coulemelle – Lépiote élevée), M. mastoidea (Lépiote mamelonnée), Lepiota subincarnata (Lépiote de Josserand), Chlorophyllum rhacodes (Lépiote déguenillée), Agaricus moelleri (Agaric pintade).

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-VESSES: Lycoperdon perlatum (Vesse de loup perlée), Calvatia excipuliformis (Calvatie en coupe), Scleroderma citrinum (Scléroderme vulgaire).

-INOCYBES: Inocybe cf. fastigiata (proche d’Inocybe fastigié).

-PLUTEES: Pluteus cervinus (Plutée couleur de cerf).

-CLITOCYBES: Infundibulicybe gibba (Clitocybe en entonnoir).

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-LACCAIRES: Laccaria amethystina (Laccaire améthyste).

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-LACTAIRES-RUSSULES: Lactarius quietus (Lactaire à odeur de punaise)L. deliciosus (Lactaire délicieux), L. acerrimus (Lactaire à lames interveinées), Russula cyanoxantha (Russule charbonnière), R. foetens (Russule fétide), R. heterophylla (Russule à lames fourchues), R.nigricans (Russule noircissante), R. xerampelina (Russule écrevisse), R. sardonia (Russule sardoine).

-PHALALES: Clathrus archeri ( Anthurus étoilé)

De l’Ajoncière vers l’Eau Bourde

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Au nord du Lac Vert on emprunte un passage clôturé qui conduit à la Maison de Repos l’Ajoncière à la droite de laquelle (balise n°19) on retrouve le Parcours des Graves qui s’enfonce dans la forêt (feuillus et résineux) jusqu’à la balise n° 26. Espèces identifiées:

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-PLUTEES: Pluteus cervinus (Plutée couleur de cerf).

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-AMANITES: Amanita phalloides (Amanite phalloïde), A. citrina (Amanite citrine) A. rubescens (Amanite rougissante), A. fulva (Amanite fauve),  A. excelsa var. spissa Amanite épaisse), A. muscaria (Amanite tue-mouches), A. asteropus (Amanite à bulbe étoilé).

-BOLETS: Xerocomus subtomentosus (Bolet tomenteux), X. chrysenteron ( Bolet à chair jaune), Suillus granulatus (Bolet granulé), S. bovinus (Bolet des bouviers).

-COLLYBIES: Collybia dryophila (Collybie des chênes), C. fusipes (Collybie à pied en fuseau), C. butyracea (Collybie beurrée).

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-LEPIOTES et AGARICS: Macrolepiota procera (Coulemelle – Lépiote élevée), Lepiota cristata (Lépiote crêtée), Agaricus moelleri (Agaric pintade).

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-VESSES: Scleroderma citrinum (Scléroderme vulgaire), Pisolithus arhizus (Pisolithe).

-LACCAIRES: Laccaria amethystina (Laccaire améthyste). L. laccata (Laccaire laqué)

-CLITOCYBES: Infundibulicybe gibba (Clitocybe en entonnoir).

-LACTAIRES-RUSSULES: Lactarius quietus (Lactaire à odeur de punaise)L. deliciosus (Lactaire délicieux), Russula cyanoxantha (Russule charbonnière), R. vesca (Russule comestible), R. foetens (Russule fétide), R. Turci (Russule cocardée) R.nigricans (Russule noircissante), R. xerampelina (Russule écrevisse), R. sardonia (Russule sardoine).

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-ASCOMYCETES: Aleuria aurantia (Pézize orangée).

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-CHANTERELLES S.L.. : Cantharellus cibarius (Girolle), Craterellus lutescens (Chanterelle à pied cannelle), Craterellus tubaeformis (Chanterelle en tube).

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-PHALALES: Clathrus archeri ( Anthurus étoilé).

-APHILLOPHORALES:  Ganoderma lipsiense (Ganoderme plat), Phaeolus Schweinitzii (Polypore des teinturiers), Fomes fomentarius (Amadouvier), Fomitopsis pinicola (Polypore marginé), Stereum hirsutum (Stérée hirsute).

Du pont chemin Salvador Allende vers Gradignan

en suivant l’Eau Bourde

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A droite des terrains de Sports on longe l’Eau Bourde jusqu’à un autre pont qui permet de passer sur l’autre rive. Détail des espèces identifiées:

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-AMANITES et VOLVAIRES: Amanita phalloides (Amanite phalloïde), A. citrina (Amanite citrine) A. rubescens (Amanite rougissante), Volvariella gloiocephala (Volvaire visqueuse).

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-BOLETALES: Xerocomus subtomentosus (Bolet tomenteux),  X. badius ( Bolet bai) Suillus granulatus (Bolet granulé), S. bovinus (Bolet des bouviers), Paxillus rubicundulus (sous aulnes).

-COLLYBIES: Collybia dryophila (Collybie des chênes).

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-LEPIOTES, AGARICS, COPRINS: Leucoagaricus sublittoralis, Leucoagaricus cf. gauguei,  Agaricus moelleri (Agaric pintade), Coprinopsis picacea (Coprin pie).

-INOCYBES: Inocybe cf. fastigiata (proche d’Inocybe fastigié).

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-PLUTEES: Pluteus cervinus (Plutée couleur de cerf).

-CLITOCYBES: Infundibulicybe gibba (Clitocybe en entonnoir).

-LACCAIRES: Laccaria laccata (Laccaire laqué)

-VESSES: Scleroderma citrinum (Scléroderme vulgaire), vascellum pratense (vesse de loup à diaphragme).

-LACTAIRES-RUSSULES: Lactarius quietus (Lactaire à odeur de punaise)L. deliciosus (Lactaire délicieux), Russula cyanoxantha (Russule charbonnière),  R. foetens (Russule fétide), R. Turci (Russule cocardée) R.nigricans (Russule noircissante), R. xerampelina (Russule écrevisse), R. sardonia (Russule sardoine).

-PHALALES: Clathrus archeri ( Anthurus étoilé).

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-POLYPORES: Phaeolus Schweinitzii (Polypore des teinturiers), Fistulina hepatica (Langue de boeuf)

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-DIVERS: Mycena pura (Mycène pure), Entoloma lividum (Entolome livide), Ramaria stricta (Clavaire dressée), Hypholoma fasciculare (Hypholome en touffes), Armillaria mellea (Armillaire couleur de miel).

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Remarques, recommandations

Aller à la rencontre des champignons est un plaisir, une passion que l’on partage. Merci Anne-Marie, Marie-Paule, Charlie, Gaston et bien d’autres qui ont cheminé à mes côtés sur le Parcours des Graves et repéré bien des espèces. A plusieurs le filet a des mailles plus serrées. Il restera bien sûr d’autres parties à explorer dans le détail mais les lecteurs auront, après ces quelques pages illustrées, un aperçu de la fonge présente à Canéjan. Peut-être feront-ils une pause en chemin pour observer quelques êtres colorés portant chapeau et les manger des… yeux avant d’envisager d’en croquer tout cuits.

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Le nombre d’intoxications (31 cas très graves cet automne 2017 en France dont un décès et deux greffes du foie) témoigne, s’il en était besoin, de l’extrême prudence à exercer pour soi et pour les autres vis à vis de la consommation des champignons sauvages. A reconnaître entre toutes l’Amanite phalloïde (en haut sur notre planche)  responsable de 95% des décès.

L’Amanite panthère (au-dessous)  reconnaissable  à ses squames (déchets du voile sur le chapeau) d’un blanc pur et de ses bracelets au dessus du bulbe du pied, n’en est pas moins dangereuse. Rarement mortelle certes mais responsable comme l’Amanite tue-mouches et à un degré plus élevé du syndrome panthérinien (troubles digestifs, hallucinations, confusion mentale, somnolence).

L’Hypholome en touffes et les Mycènes du groupe de la Mycène pure sont également toxiques. Il ne faudra pas confondre le Rosé des prés et l’Agaric jaunissant au risque de se souvenir d’une douloureuse digestion. Quant au Coprin noir d’encre que nous avons rencontré en bord de l’Eau Bourde non loin des lieux décrits il arrive qu’il soit confondu avec le Coprin chevelu. Il est responsable de l’effet « antabuse » (sueurs, troubles du rythme cardiaque) accentué grandement si consommation d’alcool en même temps.

La difficulté pour savoir ce qui est comestible c’est qu’ aucune règle  générale n’est applicable. Les bolets qui bleuissent ne sont pas tous toxiques par exemple. Les limaces, qui n’ont pas le même appareil enzymatique que les humains bavent de plaisir sur ceux (les champignons) qui nous rendraient malades. Les idées reçues sont légion. Une seule règle: être sûr de l’espèce comestible trouvée dans un endroit sain, non pollué. Au moindre doute faire vérifier sa récolte par une personne compétente. Beaucoup d’espèces telles les morilles, les amanites rougissantes etc. sont toxiques crues.

Des valeurs sûres

Quand on dit qu’un champignon est comestible cela n’entraîne pas forcément qu’il est goûteux. Au regard de la gastronomie peu d’espèces méritent l’assiette. Selon les régions, le hit parade est différent sauf à dire que les déplacements géographiques plus fréquents des populations ont contribué à susciter un intérêt pour, par exemple, le Cèpe dans l’Est de la France alors que lui étaient préférées notamment les Trompettes des morts.

Les condiments utilisés pour leur préparation culinaire aide à les rendre plus savoureux. Des lardons fumés revenus en cocotte en compagnie d’oignons, d’échalotes  et d’un peu d’ail auquel on ajoute une bonne rasade de vin blanc sec et qu’on fait doucement mijoter avant d’y ajouter des Chanterelles à pied jaune (elles poussent à Canéjan, y sont connues et ramassées) déjà poêlées à part. Les saveurs se mêlent tendrement. De la crème fraîche épaisse pour lier et in fine un trait au choix de calva, cognac, vieux rhum ou autre pour la note finale avant dégustation. .Avant de se lancer en cuisine il faut être sûr de la nature de sa récolte. Sans intrus inconnu ajouté parce qu’il est joli et peut-être très toxique. Voici, ci-dessous un choix sans problème d’espèces recommandables à condition qu’elles  soient bien celles-là sans aucun doute possible.

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Bonne balade sur le Parcours des Graves et n’appuyez pas trop sur le champignon. Prenez le temps de respirer et d’admirer.

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Rétro 2014: Bordeaux ascos rive gauche/rive droite

Par respect de confinement nous n’y retournons pas mais… à la même période, fin mars 2014, nous faisions un petit tour printanier dans l’agglomération bordelaise pour y retrouver de vieilles connaissances.

Nous plongions vendredi 28 mars 2014, à Bordeaux-Lac, dans la pinède.

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Les Pézizes couronnées, quelque peu écrasées par endroit, offraient leur coupes d’un bleu profond bien enterrées entre mousses et aiguilles. La pousse semblait dater de quelques jours pour les plus anciennes tachetées de gris. Bien identifiées par notre ami Yves Mortureux qui retrouvait cette espèce dans une station habituelle qui recelait une vingtaine d’exemplaires en ce début de millésime 2014. Les promeneurs que nous rencontrons alors sont intrigués. Des champignons en ce moment? ça se mange? Nous avions beau leur dire que ceux-ci étaient toxiques, ils regardaient dubitatifs le fond du panier où quelques-unes avaient été gardées pour étude.

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Outre les Sarcosphaera coronaria (= S.crassa) nous reverrons au bord du Lac de Bordeaux quelques Tricholomes proches de terreum et des Helvelles blanc et noir (leucomelaena) en remarquant que leur présence s’était déportée par rapport à l’année précédente. Il court, il court le mycélium…

De l’autre côté de la Garonne, en face à Lormont « nos helvelles » nous avaient paru bien paresseuses en cette année 2014 quand nous étions allés, peu avant, regarder au pied de la carrière à l’ombre des peupliers noirs. Ni Helvella fusca ni Helvella monachella. Il manquait alors peut-être un zeste de chaleur et un filet d’eau.

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Le dimanche 30 mars 2014 elles avaient timidement réélu domicile entre carrière et ligne de chemin de fer, sous les Populus nigra pour les fusca. Seulement deux exemplaires (ci-dessus) présents ce 30 mars là.

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Davantage de « Religieuses », les cinq ci-dessus, près des deux autres mais plus éloignées des peupliers, sur la terre nue.

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Helvella monachella (= H. spadicea) est coiffée de noir alors que H. fusca, comme son nom l’indique l’est de brun mais outre leur différence de taille (en moyenne) le stipe (pied) de la première est lisse alors que celui de la seconde est lacuneux. Aucun intérêt gastronomique, toxiques à l’état cru comme beaucoup d’ascos, comestibilité incertaine voire « risquée » une fois cuites et en tout cas, surtout pour la seconde, à préserver car assez rare.

                                                                            Michel Pujol

Agarics de prés, de près

Agaricus-arvensis-s.l.-MP

Bien avant le confinement, le 6 mars précisément, nous voulions vérifier si les Morchella importuna que nous avions aperçues début avril 2018 refaisaient « surface ». Justement, sur des pages Facebook dédiées figuraient quelques pousses de morilles. Alors pourquoi pas sur cette station de Gradignan d’il y a deux ans? Las! là point de ces jolis ascomycètes sinon des basidiomycètes bleus comme leurs pieds (photo ci-dessous).

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Pas de morilles donc mais si, d’aventure, les pézizes dites du cèdre pointaient auprès de leurs séquoias dans un parc voisin?

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Le joli parc de la mairie de Gradignan avec ses rosettes d’orchis pas encore fleuris et ses champignons. Pieds des cèdres et séquoias scrutés: point encore de Geopora sumneriana mais d’autres espèces. La même que précédemment (Lepista cf. nuda ci-dessus au centre), ce Xerocomellus à l’allure de chrysenteron aux pores de plus en plus larges avec la vétusté et ses nuances rougeâtres sur la cuticule et plus affirmées sur le stipe (ci-dessus à gauche) et quelques inocybes (à droite). Et puis…

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… des Agarics quasi en troupe dans le pré, proches de résineux. Des jeunes (photos de tête) et un plus mature (ci-dessus). Restait à déterminer l’espèce: pas très jaune au grattage de la base du pied ni à la coupe, son anneau descendant et l’aspect « roue dentée » sous la bague fermée.

La vieille habitude de « recouper nos informations » nous amenait le samedi de la semaine suivante, le 14 mars, de nouveau sur les lieux. Au « point morilles présumé »: point de morilles ni de Lépiste, en revanche, le parc de Laurenzane, toujours sans Geopora sumneriana,

outre (ci-dessus) Lépistes et Inocybes (pas de bolet), abondait de « nos » Agarics (ci-dessous).

id des Lépistes? Un peu de micro nous amenait vers Lepista cf. nuda.

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Et nos Agarics rémanents?

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Une « roue dentée » bien apparente sur les exemplaires pas encore ouverts.

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Un anneau descendant sur un pied glabre à base un peu arrondie et jaunissant un peu au grattage sur cet exemplaire mature.

Facebook et ses pages dédiées à la mycologie allait être bien utile pour notre identification. En effet quelques photos postées sur la page « Mycologie scientifique et champignons de France » (lien précédent Facebook) allaient susciter une première expertise de Guillaume Eyssartier: « Très difficile, voire impossible, sans microscope. C’est un Arvenses en revanche, pas un Xanthodermatei. »

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Après avoir pris connaissance par le canal Facebook de notre étude micro, Guillaume Eyssartier nous répondait très rapidement: « Avec cette taille de spores et ce pied plutôt glabre avec la base plutôt arrondie, on reste sur Agaricus arvensis (sensu lato sachant que indistinctus et gemellatus ne peuvent pas être distingués). Nous avons bien sûr remercié Guillaume de son aide précieuse. D’ailleurs, dans son Guide de champignons France et Europe (Eyssartier&Roux) on peut lire: « L’Agaric des jachères fait partie d’un groupe d’agarics assez délicats à identifier et qui est encore à l’étude ».

Donc notre Agaricus qui pousse dans un pré, étudié de près, est un Agaricus arvensis au sens large (s.l. sensu lato). On ne louera jamais assez l’écoute, la bienveillance et la solidarité de la communauté mycologique.

                                                                                                        Michel Pujol

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Petite bibliographie:

-Eyssartier&Roux (Belin 2017) page 288

-Courtecuisse&Duhem (Delachaux et Nieslet 2011) n°746

-Bon (Flammarion 2004) pages 278 et 279

-Marchand Tome 2 n° 106

– mycodb

Images sur le Net Agaricus indistinctus 1 A. indistinctus 2 A. indistinctus 3

Agaricus gemellatus

A la rencontre de la diversité fongique

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Ce dimanche 17 novembre l’association « A la poursuite des champignons » conviait ses adhérents et contacts récents à une sortie à Canéjan, en Gironde. L’occasion pour les animateurs de partager quelques connaissances et beaucoup de leur passion mycologique avec les participantes et participants à cette balade matinale. Si, la veille, la pluie était tombée drue, là les nuages cachaient quelque peu les rayons dominicaux mais l’eau imbibait le sol et surtout… les champignons. Les chapeaux des Agarics pintades matures (Agaricus moelleri), par exemple, semblaient tracés de rose tant ils étaient imbus et il fallait beaucoup de précaution pour éviter que le pied d’une Russule présumée fragilis (l’odeur de coco ne semblait pas au rendez-vous) ne se casse un peu trop vite. Bref, mouillé de chez mouillé mais une grande diversité d’espèces (liste en fin de texte) eu égard aux biotopes traversés à pas comptés en l’espace de deux heures.

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La visite commençait par la clairière près du Centre Simone Signoret où, à proximité de pins, des Suillus, entre autres espèces, luisaient en nombre. Le groupe descendait ensuite vers le Moulin de Rouillac pour inspecter le bord du canal habité habituellement par une station d’ Amanites phalloïde (pas de pousse ce jour-là contrairement à quelques semaines précédentes). Le pont sur l’Eau Bourde était franchi et, sur la droite, on cheminait sur une partie du parcours des Graves  décrit dans une précédente chronique (cliquer sur le lien).

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Les biotopes divers qui bordent l’Eau Bourde permettaient de présenter au groupe quelques ascomycètes telles l’Helvelle crépue, l’Oreille-de-lièvre et la Pézize orangée et bien sûr bon nombre de basidiomycètes de tous genres Agarics, Amanites, Russules, Lactaires, Bolets, Lépiotes, Coprins, Psathyrelles, Tricholomes, Mycènes, Hébélomes, Cortinaires, Inocybes, vesses etc. sans omettre quelques Aphyllophorales.

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L’accent était mis notamment sur les risques de confusion, fréquents en cette période entre, par exemple, la Coulemelle et Chlorophyllum brunneum. La présence de Coprins chevelus et de Coprins noir d’encre tombait à pic pour décrire l’effet antabuse de la deuxième espèce.

Liste des espèces rencontrées

BOLETUS aereus 1ex
BOLETUS edulis 2ex
SUILLUS granulatus une station de quelques ex.

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HORTIBOLETUS rubellus 2ex
XEROCOMUS sp +
AMANITA citrina++
AMANITA fulva 1ex
AMANITA muscaria ++
AMANITA pantherina +
AMANITA rubescens ++
AGARICUS moelleri ++ à maturité

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AGARICUS impudicus/variegans 1ex
MACROLEPIOTA procera 4 beaux exemplaires
MACROLEPIOTA cf. konradii 1ex à maturité
LEPIOTA cristata 2ex
LEPIOTA ignivolvata 1ex
LEPIOTA subincarnata (= L.josserandii) 4ex
COPRINUS comatus 3ex
COPRINOPSIS atramentaria 2ex
COPRINOPSIS picacea +
COPRINELLUS cf. micaceus ++
PARASOLA cf. plicatilis ++ à maturité
PSATHYRELLA conopilus 3ex
PSATHYRELLA cf. multipedata 2 belles touffes
TRICHOLOMA album +
TRICHOLOMA sulphureum ++
TRICHOLOMA terreum +

TRICHOLOMA scalpturatum +

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TRICHOLOMA ustaloides 1 ex (cuticule amère)
PARALEPISTA flaccida ++++
MYCENA galopus 3ex (lait blanc lorsque l’on coupe le stipe)
MYCENA pura+
MYCENA rosea+
MARASMIUS oreades un demi-rond de « sorcière ».
LACCARIA amethystina +
LACCARIA cf. affinis +
HEBELOMA sinapizans ++
HEBELOMA sp ++
INOCYBE bongardii 1ex
INOCYBE geophylla var.lilacina++
INOCYBE sp+
CORTINARIUS infractus 2ex
CORTINARIUS cf. cedretorum 1ex
HYPHOLOMA fasciculare ++++ présence en de nombreux secteurs

CREPIDOTUS cf. luteolus ++ exemplaires sur brindilles.
RUSSULA vesca +
RUSSULA cf. fragilis +
LACTARIUS necator 3ex
LACTARIUS quietus ++

LACTARIUS lacunarum +

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LACTARIUS subdulcis ++
VASCELLUM pratense +

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CALVATIA excipuliformis 2ex

SCLERODERMA cf. bovista 2ex à maturité
FISTULINA hepatica 1ex à maturité
STEREUM hirsutum ++
TRAMETES versicolor +++
BJERKANDERA adusta ++
XANTHOPORIA radiata ++ lignicole sur Alnus
GANODERMA applanatum + vieux exemplaires.
FOMES fomentarius ++
PHAEOLUS schweinitzii 1ex à maturité
RAMARIA stricta 3ex.
PHALLUS impudicus 1exCette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 455246006.jpg

CLATHRUS archerii +++ plusieurs ex. à maturité et non développés.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 765155143.jpg

TREMELLA mesenterica 1ex
ALEURIA aurantia 1ex
OTIDEA cf. onotica ++
HELVELLA crispa ++++Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 3968837656.jpg

PAXILLUS cf. olivellus +++
++++ Très abondant
+++ Abondant
++ Peu abondant
+ Rare
70 ESPECES

NDLR. photos d’illustration d’espèces réalisées deux jours après, sur le même parcours.

                                                                      Jean-Christophe Blanchard

                                                                               et Michel Pujol

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Le Coprin chevelu, un blanc qui décoiffe les papilles

La finesse de la mise en bouche.

 Ce champignon blanc qui se dresse le plus souvent en troupes dans les prés, les bordures, les chemins, les chaumes, peut-être dans votre jardin, mérite bien mieux qu’un regard en biais, voire, ce que je condamne en toutes circonstances à l’encontre de toutes les espèces : un méchant coup de pied.

Il n’y a pas que le cèpe et la girolle, il y a aussi, entre autres, le coprin chevelu (1) (Coprinus comatus). Pas besoin de savoir couper les basidiophores en quatre pour le reconnaître. Quand on s’est pris la tête, autrefois, avec les cachets d’aspirine, on retrouve cette forme de tube tout blanc recouvert d’écailles un tantinet brunâtres qui s’effilochent en mèches blanches imbriquées.

A croquer jeune
Spores noires et tablier blanc

Les auteurs parlent de chapeau ovoïde ou oblong, puis d’allure de cloche quand il commence à noircir. Son aspect chevelu prédomine indiscutablement dans sa reconnaissance. L’avoir sur la langue ferait-il zozoter de plaisir ?

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Blanc, rose, noir, vers la déliquescence reproductrice

Fin et savoureux, il se consomme jeune, cru ou légèrement cuit. Très jeune car le drôle grandit vite en déliquescence. Du blanc immaculé, il passe au rose, puis au noir, et coule en encre de chine. Ses spores sont alors mûres et susceptibles de créer un nouveau mycélium. 


 Sournois, il présente bien, tout droit sur son pied élancé, presque tout blanc, mais, au bas du chapeau, des traces noiraudes présagent le début de la fin à l’intérieur.
Trop tard pour les mycophages. Il leur faudra se contenter de ne ramasser que les exemplaires clairs dessus et dedans, donc lames blanches, et les préparer très vite. On aura compris que ce coprin est un comestible très fin, savoureux quand il est jeune, mais qu’il ne voyage pas très longtemps.
                                                                                                                                                           
1_ reprise d’un article du même auteur paru dans le numéro 2 d’Aqui! en octobre 2004 et consultable  sur le site Internet Aqui.fr

Redoutable confusion avec

le Coprin noir d’encre

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On entend souvent dire « pas d’alcool avec le coprin ». En fait nous n’avons jamais connu d’effet désagréable en arrosant en bouche avec modération nos coprins chevelus (accommodés comme on le verra plus bas) avec vins ou apéritifs divers. Ce n’est pas le cas avec son « cousin » le Coprin noir d’encre (Coprinopsis atramentaria) . Ce dernier (photo ci-dessus) pousse le plus souvent en touffes sur des déchets végétaux, résidus de bois etc., est plus ovoïde puis conico-convexe. Accidentellement consommé avec de l’alcool il est responsable de l’effet antabuse . Comme on le lira en suivant le lien précédent c’est particulièrement désagréable d’autant que pendant 72 heures cet effet perdure en consommant de l’alcool sans Coprin noir d’encre associé. Donc à ne pas confondre!

COPAINS ET COPRINS

Pour de vrais amis…
Vous avez quelques coprins (les vrais chevelus) encore jeunes, aux lames blanches, ramassés le jour même et conservés non tassés au réfrigérateur.

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Brossez délicatement les têtes des chevelus.

Pas de poux mais un peu de sable à écarter.

  • Coupez en deux dans le sens de la hauteur.
  • Jetez les pieds et ne gardez que les demi-chapeaux.
  • Un peu de fleur de sel et de beurre à votre goût dans le creux des demi-chapeaux.
  • Passez 10 à 15 secondes à four chaud, plus selon quantité.
  • Au micro-ondes, c’est pas mal non plus.
  • Très surprenant à l’apéro 


Michel Pujol