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Chaud devant: la même et seule espèce pas très loin

Allez vous souffrir que je vous reparle du soufré? Hier, nous sommes repassé devant la station du sujet de notre dernière chronique en date du 3 août. Toujours cette ambiance caniculaire dans le bois d’à côté et, cette fois, pas la moindre Russule ni Amanite même à pied en étoile… Sur le tronc de la dernière trouvaille, le Polypore soufré était en poussières ultra sèches sans doute mêlées de spores. 

Pas très loin de là, au bord d’un creux qui réceptionne habituellement l’humidité, nous apercevions une tache jaunâtre qui s’étalait sur un substrat boisé sombre, paraissant comme carbonisé. Un peu beaucoup sec ce Laetiporus sulphureus (montage photo ci-dessus). Peu propice à une éventuelle consommation tant le Chicken of the woods manquait et d’épaisseur et d’élasticité.

Seule espèce rencontrée lors de notre balade d’hier après avoir vérifié plusieurs stations de champignons thermophiles. Le Polypore soufré serait-il celui qui nous reste quand tous les autres nous ont oublié?

M.P.

Sans souffrir de la canicule: le soufré

Souffrez que je vous raconte … En ces temps de canicule peu de présence carpophorique dans les bois alentour. Il y a bien eu le 10 juillet trois Amanites au pied en étoile

espèce décrite par Sabo, ça ne s’invente pas mais en se mouvant en tennis entre feuillus et résineux et , bien sûr, en dehors de quelques lignicoles desséchés sur leur support point de carpophores.

Il y a quelques jours toutefois nous avions aperçu sur un tronc de feuillu, depuis très longtemps couché, quelques ondulations naissantes plutôt jaune clair laissant penser à … mais pas ouvertes comme… Aussi nous nous étions dit qu’il faudrait revenir dans quelques temps pour voir l’évolution mais cette canicule persistante nous laissait très dubitatif quant à la progression de la pousse. Sur ce gros tronc mais un peu plus bas que l’endroit d’apparition nous avions déjà récolté ce que les anglo-saxons appellent chicken wood. Aussi, hier était-il temps de vérifier. Ce qui fut fait hier.

Et c’était bien le Polypore soufré Laetiporus sulphureus qui s’était épanoui et nous regrettions de ne pas avoir photographié les pousses naissantes en forme de petites ondulations. Le manque total de pluie n’avait pas freiné la progression. Un peu plus loin nous allions retrouver l’Amadouvier en même état depuis quelques mois et

Fomes fomentarius restait figé alors que le « Soufré » s’étalait tendrement dessus-dessous. 

D’ailleurs, comme nous avons eu l’occasion de le signaler (cliquer sur les liens en début de texte) ce ne sont que les parties très tendres de ce champignon (pincer entre le pouce et l’index) qui méritent de passer à la poêle. 

Cela a été apprécié en famille le soir même.

Reste que le Poulet des bois est aussi adapté au menu … végétarien.

Michel Pujol

Tirer la (les) langue (s) de soif!

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CHAUD hier 18 septembre. Tout comme aujourd’hui. Pas de pluie depuis plusieurs jours. SOIF à tirer la langue. Un bœuf sur la langue? Plutôt langue de bœuf! P’tit tour dans le bois d’à côté. Précédemment nous avions évoqué la non résistance ou la résistance de lignicoles (Desarmillaria tabescens et Fomes fomentarius) à la chaleur. Hier donc nous n’avons rencontré que trois autres espèces (ci-dessus). G.l. traduisez Ganoderma lucidum, le Ganoderme luisant; L.s. Laetiporus sulphureus, le Polypore soufré et F.h., Fistulina hepatica, la Langue de bœuf. Tous tiraient la langue sur des chênes où, apparemment, ils vivaient … heureux.

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Sans guitare, il nous était difficile d’entonner « Auprès de mon arbre » ou bien « L’Auvergnat » mais l’appareil photo, tiré du sac, saisissait (ci-dessus) les notes rouge (surtout au toucher) de Fistulina hepatica attachée à son chêne puis désenclavée par son pied et présentant le contraste du revêtement sanguin du chapeau et des pores jaunes du dessous.

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Non loin, toujours sur chêne, cette Langue de bœuf à étages commençant à gagner en maturité entre sève du support et sécheresse extérieure. Du rouge sombre comme sang coagulé …

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…  et puis, à proximité, cet exemplaire, sur « la fin », au pied d’un arbre rongé avec sciure apparente (en bas à droite). Nous verrons plus loin qu’il est possible, quand elle est encore jeune, de tirer profit de la Langue de bœuf.

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Tout comme il eût été possible d’accommoder ce Polypore soufré selon la recette que nous avions donnée l’an passé. Mais en l’espèce, hier, ce bouquet de langues jaunes était d’un sec dur non compatible avec l’assiette. On ne retrouvait aucune élasticité au toucher des extrémités. De véritables exsiccata.

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Ces deux Ganodermes luisant étaient, ensemble, sur un autre chêne (toutes les espèces décrites dans cette chronique se trouvaient dans un rayon de 70 mètres environ) . Nous en avons détaché un pour en montrer le stipe noir très dur et les pores blanchâtres. Faites une recherche  sur Internet en tapant Ganoderma lucidum et vous découvrirez -mais ne le savez-vous pas déjà?- que le Reishi (chez les Japonais) ou Lingzhi (en Chine) « connu depuis des millénaires » est une star de ventes de gélules fabriquées à partir de ce champignon séché. Parfois on lit qu’il « est rare » -d’où cher sans doute- alors qu’on le trouve assez fréquemment dans nos régions. Certaines images de vente de ce produit « miracle » témoigne d’élevage sur bûches de chêne enterrées.

Peu de mentions dans la littérature mycologique sur les « bienfaits » supposés ou avérés de cette espèce. On trouve, par exemple, la mention « non comestible » chez Phillips, Borgarino&Hurtado, Marchand; « intérêt décoratif » chez Bon; un logo correspondant à « sans intérêt ou indigeste » chez Eyssartier&Roux. Le Guide écologique des champignons Région Périgord Quercy précise lui, à la page 294, que « Si le Ganoderme luisant est beaucoup trop coriace pour être comestible, il est toutefois cultivé en Chine et utilisé dans la pharmacopée traditionnelle. Des études récentes démontrent qu’il contient en effet des molécules actives pour soigner certaines affections. »

Parmi les données scientifiques concernant Ganadorma lucidum et d’autres champignons pharmacologiquement intéressants il est possible de consulter cette note de bonne source.

Cela dit nous n’essaierons pas de réduire en poudre notre récolte pour un usage de bien être ultérieur sinon l’utiliser éventuellement pour une recherche microscopique. En revanche il nous intéressait de regoûter la Langue de bœuf. Nous en avions fait l’expérience il y a longtemps et cela ne nous avait pas trop séduit. Donc à midi …

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… après avoir relu la veille quelques conseils de préparation culinaire de cette espèce, nous avons, dans sa partie la plus tendre, pelé la cuticule de Fistilina hepatica, tranché de petites escalopes très fines dans la chair du bas du chapeau. Sautées tranquillement à la poêle dans de l’huile d’olive, salées, poivrées, additionnées d’ail en poudre. Un peu de persil du jardin et dégustation sur le champ dans une petite assiette. C’était pas mal du tout. Pas de cheveu sur la langue et … il y avait à boire. Même pas soif.

                                                                                                      Michel Pujol

A la Une de Sud Ouest: trois lignicoles dans la série des comestibles

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Après les Cèpes, les conseils pour la cueillette des champignons, les Coprins, les Girolles, les Chanterelles, le Cercle des idées, sur le site Internet du journal Sud Ouest, s’intéresse à trois champignons lignicoles: la « Souchette » du peuplier, le Pleurote en huître et le Polypore soufré. Quatrième volet mycologique de l’automne 2018 en Une. 

Lire l’article

 

Poulet des bois, du soufre jusque dans l’assiette

Voitures à droite, cyclistes et promeneurs à gauche devaient se demander ce que pouvait bien faire ce photographe au pied d’un chêne majestueux bordant la route de Canéjan à Gradignan en Gironde. Il semblait s’intéresser à ces grosses taches jaunes à la base de l’arbre. Des champignons! Et si ça se mangeait …

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C’est que ce n’était pas la première fois que nous trouvions Laetiporus sulphureus sur ce chêne. Le Polypore soufré, chicken of the woods  pour les anglo-américains y développe son mycélium et, peut-être, aurons-nous l’occasion de l’y récolter une prochaine fois. Ce vendredi 24 août, en passant en voiture, c’est notre épouse qui le vit et le reconnut.

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Restait à aller sur place et examiner cette pousse, ce qui fut fait sans trop attendre et très … tendre était le bord des carpophores en console. Une pousse très récente. Nous avons souvent vérifié que quand une espèce apparaît il n’est pas rare de la retrouver en d’autres endroits. Ainsi en-a-t-il été pour ce polypore. En effet, le lendemain, sur une autre station connue (une souche tronçonnée à terre), toujours à Gradignan, nous retrouvions encore le Poulet des bois mais déjà très desséché et donc bien plus pâle, hors consommation.

Celui du bord de route, lui, se révélait très souple à ses extrémités prises entre le pouce et l’index. Après récolte (1), nous avons découpé la partie la plus tendre en lanières de l’épaisseur de frites (2) puis égoutté après un passage au micro-ondes (3). Enfin passage en poêle dans l’huile d’olive chaude pour finir de les cuire en les dorant doucement et assaisonnement sel, poivre et ail en poudre pour en exhausser la saveur (4).

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A la dégustation (5), en quantité raisonnable, il évoque le goût du poulet. Bien entendu on aura bien identifié l’espèce avant la phase cuisine.

Il est intéressant de consulter la littérature à propos de la comestibilité de ce champignon. Pour des publications récentes (Guillaume Eyssartier & Pierre Roux « L’indispensable guide du cueilleur de champignons » Belin 2014 page 220 et Le guide des champignons France et Europe Belin 2011 page 1028) il bénéficie d’un logo comestible dans le second ouvrage et d’une fourchette sur une échelle de trois dans le premier. Chez André Marchand (Champignons du nord et du midi tome 3 n°277 diffusion Hachette 1975) on peut lire « Encore mous et gonflés de suc, les jeunes spécimens seraient comestibles! ». Didier Borgarino & Christian Hurtado (Le guide des champignons Edisud 2006 page 80) le donnent « Non comestible ». Sur Internet Mycodb l’estime « sans intérêt », chez champyves il est « comestible… », pour la societé d’histoire naturelle du Jura « ce champignon peut provoquer des désordres gastro-intestinaux chez certaines personnes sensibles ».

Nous ne serions donc pas des « personnes sensibles » pour avoir consommé à plusieurs reprises, en famille et entre amis, cette espèce dûment identifiée mais vous voilà prévenus.

M.P.

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Laetiporus sulphureus: poulet soufré

D’un jaune soufre éclatant, le Polypore soufré ( Laetiporus sulphureus) apparaît à fleur d’arbres les plus divers. Dans la littérature, il est le plus souvent décrit poussant sur des feuillus. Nous l’avons rencontré sur hêtre à Bellême après l’avoir vu sur robinier à la Plaine du Haillan (33). Annie Ehrsam l’a photographié sur prunus à Bossugan (33) . En Corse (septembre 2012) il s’épanouissait sur un eucalyptus. En août de la même année à   Gradignan (33) il trônait sur un châtaigner. Cette liste d’essences propices est indicative et non exhaustive.

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Sur robinier

Donc un champignon très ubiquiste qui est (Roger Phillips , Les champignons pages 222 et 223) comestible très jeune et frais. En 1981 Phillips signale qu’il est très considéré à cet égard en Allemagne et en Amérique du nord. En surfant sur Internet on trouvera sans peine quelque recette pour accommoder ce champignon que les anglo-américains appellent chicken of the woods en référence à son goût qui rappelle celui du poulet. Bien sûr la mise en bouche se saurait se faire que si on est absolument sûr d’avoir déterminé une espèce comestible.

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Sur prunus

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Sur hêtre

M.P.

Petite bibliographie:

Mycodbmycocharentes

Bon p. 316; Eyssartier&Roux p. 1028; Borgarino&Hurtado p.80; Marchand t.3 n°277