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Et rond et ronds jolis Mousserons

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Si nous avons un peu triché sur cette photo recomposée de carpophores (réels) disposés en rond très rapproché dans notre jardin fraîchement tondu c’est pour évoquer -foi de sorcier- la pousse circulaire de cette espèce. Les Mousserons surgissent en bordure du mycélium qui progresse comme le flux de l’eau actionné par le jet d’un caillou en bord d’un étang calme. Certes le cercle ne sera jamais parfait car, sous terre, quelques obstacles retracent le dessin du rond de sorcière.

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Au parc de l’Hermitage à Gradignan 33170, lieu de la récolte, l’herbe était bien haute, loin du chemin, cachant un peu à la vue des rares promeneurs quelques carpophores beiges au pied épais et court, à la marge enroulée et aux lames serrées. Leur odeur était bien celle dite « de farine ». Une forte suspicion donc de rencontrer le Tricholome de la Saint-Georges = le « vrai » Mousseron = Calocybe gambosa.

Nous n’étions pas le 23 avril évoqué dans une précédente chronique . La Saint Georges avait été quelque peu occultée par l’actualité virale. Sans doute la pousse avait-elle commencée avant le 7 mai, jour de découverte et le lendemain, veille de notre mise en ligne, nous fêtions les Désiré. Un signe? Force est de constater, vu les nombreuses consultations en ce moment sur notre blog de  l’article cité plus haut, que le champignon à la belle tête (étymologie grecque de Calocybe) est grandement … désiré par les cueilleurs printaniers!

Avions nous affaire au vrai Mousseron?

Les champignons prélevés nous paraissaient plus trapus qu’habituellement mais l’espèce « peut varier considérablement de formes et de couleurs », d’après Breitenbach et il y avait bien cette odeur que nous avions en mémoire.

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La microscopie allait nous conforter dans la détermination. La sporée était bien blanchâtre. Les spores elliptiques, lisses et hyalines dans l’eau (ci-dessus dans le rouge congo). Leur dimension (en moyenne 5,5 X 3,5 µm) conforme à la littérature (5-7 X 3-4 µm par exemple chez Eyssartier&Roux). Les basides étroitement clavées (comme précisé chez Breitenbach).

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Macrocospiquement ou, dit plus simplement, à l’œil nu, nous observions une chair d’un blanc immuable, un chapeau charnu aux bords enroulés et au revêtement beige légèrement taché de roux, des lames serrées, « arrondies au pied ou émarginées-uncinées » (cf. Marchand). Bref, autant de caractères conduisant à une identification fiable.

Et, dire qu’après-demain 11 mai on pourra se mettre au vert, mais en Gironde on y est déjà sur la carte, et aller en forêt, peut-être masqués, démasquer les espèces.

Michel Pujol

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Bibliographie: Breitenbach&Kränzlin vol. 3 n° 144; Eyssartier&Roux (Belin 2017) p.552; Marchand t.1 p.108 n°45; Courtecuisse&Duhem (2011) n°482; Bon (2004) p.166

Internet: MycoDB Alapoursuitedeschampignons mycocharentes

Précoce sur le B.R.F. nourricier: sur la piste des Agrocybes

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Dans notre précédente chronique nous évoquions, à propos du Plutée couleur de cerf, le biotope particulièrement « productif » du Bois Raméal Fragmenté (B.R.F.). En bordure d’un parking du centre de Gradignan, en Gironde, nous avions vu justement depuis quelques jours, dans un massif abondamment garni de B.R.F, plusieurs troupes de champignons aux chapeaux brun-jaune tout craquelés. Ça ressemblait bien à des Agrocybes mais leur taille paraissait bien grande. La consultation de la littérature, des sites spécialisés d’Internet dont MycoDB et un peu de microscopie nous confortait quant au genre et précisait l’espèce qui porte bien son nom en ce 22 mars printanier: Agrocybe praecox  (Agrocybe précoce).

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Sous l’angle macro, lames échancrées beige et brunissant sur le tard, anneau membraneux fragile et (comme ci-dessus) déchiré restant accroché au chapeau, chair blanche à odeur de farine, saveur plutôt douce (pour le minuscule morceau de chapeau mâché et vite recraché), stipe régulier assez long et …

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… caractère souvent décrit pour cette espèce, de nombreux cordons mycéliens blancs qui restent bien accrochés à la base du stipe quand on le dégage du sol « jardinier » très meuble où il abondait, lié au B.R.F.

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Sous l’angle micro, nous avons notamment observé des cheilocystides et pleurocystides fusiformes ventrues et la mesure des spores ellipsoïdales lisses à paroi épaisse est en moyenne, pour notre récolte, de 9,4 x 5,9 µm.

Petite bibliographie: Bon (2004) p.262; Courtecuisse & Duhem (2011) n°1299; Eyssartier & Roux (2011) p.836; Breitenbach & Kränslin (1995) Tome 4 n° 368.

Michel Pujol 

Sous l’empire d’un Agaric

Dans son genre (Agaricus) l’auguste est reconnaissable entre tous. Un empereur en majesté portant beau son ample chapeau aux écailles concentriques rousses et son anneau floconneux laissant apparaître des lames serrées. Le pied épais, bien droit, est un piédestal en colonne qui ne déplairait pas , au regard de l’Histoire, à un buste marmoréen de Caius Octavius, fils adoptif de son oncle César et empereur romain, comme chacun sait, de 27 av. JC à 14 après JC.

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Dans la littérature, Agaricus augustus est décrit comme présent sous feuillus ou résineux. C’est au milieu d’aiguilles (montage photos ci-dessus) que nous l’avons aperçu de loin et son odeur très particulière ne nous a laissé aucun doute sur son identité. Une odeur d’amande amère rappelant celle du gâteau basque aux gastronomes de la Nouvelle Aquitaine et … d’ailleurs.

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Replacé, au retour, dans notre jardin sous l’objectif macro ce beau champignon (300 g. pour ce seul exemplaire), appelé auguste à cause de sa stature imposante, justifiait de visu son « impérialité ».

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Sous les objectifs micro, cet Agaric quadrisporé (au contraire d’A. bisporus à l’origine du champignon de Paris) montre, comme le relève Bon, des cellules marginales en chaînettes. Pour notre récolte la mesure des spores ellipsoïdes est la suivante (Piximètre): 

6,7 [7,7 ; 8,1] 9 x 4,4 [5,1 ; 5,4] 6 µm

Q = 1,2 [1,5 ; 1,6] 1,8 ; N = 30 ; C = 95%

Me = 7,9 x 5,2 µm ; Qe = 1,5

Comestible?

« Bon comestible » d’après Marcel Bon (p. 278 Champignons de France et d’Europe occidentale Flammarion 2004), « au rang des meilleurs comestibles » selon André Marchand (Champignons du nord et du midi tome 2 n° 107 Hachette 1973), « une figure verte qui sourit » à la page 146 du Guide écologique des champignons régions Périgord-Quercy (2008)…

… mais « à rejeter » selon Borgarino & Hurtado ( p. 333 Le guide des champignons Edisud 2006), « comme toutes les espèces de la section (NDLR section Arvenses), la présence hautement probable de substances cancérigènes doit amener à rejeter cette espèce » lit-on en page 1016 de Mille et un champignons de Pierre Roux (2006). Enfin en 2011 dans le Guide des champignons France et Europe de Guillaume Eyssartier & Pierre Roux est écrit à la page 270 « Longtemps considéré comme comestible cet agaric n’est plus aujourd’hui conseillé à la consommation en raison de la présence, dans sa chair, de substances cancérigènes. »

Sur le forum de Champi.net on pourra se faire une idée des raisons qui conduisent aujourd’hui à éviter de consommer cette belle espèce. Retenons par exemple que l’agaritine (AGT) contenue dans les agarics est un dérivé de l’hydrazine qui se dégrade en substances cancérigènes et que, dans la section des Arvenses, dont fait partie notamment Agaricus augustus, on accumule particulièrement métaux lourds et radioactivité. Les exemplaires les plus âgés seraient les plus concernés.  La fin de l’empire?

M.P.

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Suivi de station: J+2=2

Précédemment nous avions vu apparaître le « premier de la classe » et cherché vainement d’autres Boletus aestivalis à l’entour. Deux jours après, sans vraiment croire à une autre pousse mais après tout on ne sait jamais, nous y sommes revenus en fin de journée. Deux autres cèpes d’été étaient là, très près de l’endroit où nous avions trouvé à J-2 notre premier cèpe réticulé de la saison.

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Une fois dégagés du sol nous constations que leurs pieds avaient attiré quelques dévoreurs de chair fraîche mais leurs chapeaux étaient bien dans leur assiette et le soir dans la nôtre.

Heureux les retraités qui n’ont pas besoin d’attendre le week-end pour courir les bois et qui ont tout loisir de suivre leurs stations. Sans appuyer sur le champignon qui d’ailleurs, quel qu’il soit, ne mérite pas le coup de pied. Encore moins les cèpes. Nous y reviendrons à cette station et, au risque de nous répéter, on ne sait jamais… 

M.P.

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Le premier de sa « classe »

Ce cèpe est le premier dans l’ordre d’arrivée calendaire du genre sans en être le plus goûteux. C’est aussi notre premier trouvé cette année et premier mangé (bien cuit et assaisonné) avec la russule évoquée dans l’article précédent.

Fidèle à la station que connaît Marie-Christiane (le prénom n’a pas été changé) ce Boletus aestivalis bien nommé Cèpe d’été car se rencontrant aussi au printemps… était tout seul ce 9 mai.

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L’occasion de le retourner devant l’objectif macro pour en souligner le port, les pores serrées, le réseau bien marqué (cliquez sur la photo pour zoomer le maillage du pied). Pas de liseré blanc au bord du chapeau caractéristique du Boletus edulis. Il faudra attendre encore un peu pour que le Cèpe de Bordeaux n’apparaisse à Gradignan cité de la métropole bordelaise. Contentons nous pour l’instant du thermophile Cèpe d’été qui fut apprécié hier lors d’une dégustation en début d’un repas familial. Le premier!

M.P.

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Enfin une R. vesca!

Comme indiqué dans une précédente chronique , ces derniers jours nous n’avions pas encore vu le bout du chapeau d’une russule dans un bois, où début mai, nous rencontrons habituellement R. vesca. Par exemple un 3 mai en 2010 et un 6 mai en 2015. Cette année il aura fallu attendre le 9 mai pour en apercevoir une (photo ci-dessus). Bien seulette. Aucune congénère à l’entour ni dans d’autres parties du bois qu’elle fréquente souvent.

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Dégagée du sol, la couleur un peu « jambon polyphosphaté » du chapeau, la chair ferme, la saveur agréable, les lames blanches serrées, le biotope très feuillus, conduisaient sur la piste de Russula vesca dite « Russule vieux rose » et « Russule comestible ». Restait un test que nous ne pouvions pas faire sur place faute de « fer ».

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De retour à la maison il convenait de la marquer non au fer rouge mai de frotter le stipe avec un cristal de sulfate de fer. La coloration en réaction quasi immédiate rose saumon confirmait l’identification. Quelques minutes plus tard nous allions trouver, pas très loin un cèpe. Lui aussi le premier et le seul. Il fera l’objet du prochain article…

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Ci-dessus, une étude micro de Russula vesca effectuée lors d’une précédente récolte de cette espèce dans le même bois de Gradignan.

M.P. 

Les pézizes du cèdre encore au pied de leurs séquoias

L’année dernière , les 13 et 24 mars, nous avions remarqué au pied de deux Sequoia giganteum du Parc de Laurenzanne à Gradignan (33) la présence de Geopora sumneriana . Ce jour, 14 avril 2018, nous avons fait le tour des cèdres, nombreux dans ce parc où se dresse la mairie de la commune girondine. Point de Pézize du cèdre près de leurs troncs majestueux de cèdres plantés au XIX ème siècle.

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En revanche, cette Pézize très enterrée était revenue à l’endroit de la station que nous avions signalée l’année dernière, au pied des non moins majestueux séquoias géants.

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La pousse s’est produite un peu plus tard qu’en 2017.

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Nous avions, bien sûr, surveillé les jours précédents l’éventualité de leur « arrêt » à leur station. Les conditions climatiques ont sans doute (plus que les grèves dans les transports…) retardé leur venue. Nous verrons si en 2019 ces belles pézizes offriront leurs blanches corolles printanières à nos regards.

M.P.

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